Pause par la case Springfield

Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire là? Loin de son église et de sa communauté religieuse bien aimée, loin de sa Pennsylvanie natale et des gens qui comptaient sur elle? Et bien, figurez vous que mademoiselle Dagenais s'était éloignée des êtres qui lui étaient le plus cher afin de pouvoir voyager jusqu'à la non moins mythique Little Rock, histoire de pouvoir se procurer quelques accessoires de soins utiles pour son domaine. Après tout, étant curée d'une petite église de campagne, dans un petit village à mi-chemin entre deux villes assez populeuses, il fallait dire qu'elle accueillait souvent une variété importante de voyageurs, bien souvent amochés. Enfin, non pas qu'Helene eut été une guérisseuse hors paire, elle savait seulement se débrouiller et portait en réalité plus souvent assistances aux véritables autorités médicales, mais quand même, avoir le nécessaire à l'église avait toujours été utile. Et puis... il fallait aussi avouer qu'en même temps, tant qu'à être en route vers Little Rock et abandonner ses paroissiens aux mains d'un autre prêtre vivant normalement à l'abbaye où elle avait monté dans les ordres jusqu'à son ordination sacerdotale, elle pouvait tout de même penser un peu à elle, non? Enfin, l'église avant les plaisirs personnelles, que voulez-vous.

Enfin, pour le moment, Helene venait de traverser pas moins de trois états avec une petite famille de sa communauté chrétienne ayant en tête de rendre visite aux parents de la mère de la famille, à Springfield. Cela avait été un voyage enrichissant et des plus agréable, il fallait l'avouer. Pourtant, pour le moment, cette jeune femme se retrouvait désormais seule au cœur de Springfield, incapable de continuer son voyage. Après tout, mademoiselle Dagenais était une prêtre de faible constitution et ne savait que moindrement tenir une arme, qu'elle n'avait d'ailleurs jamais utilisée en trois ans. Donc, destinée à nécessiter un compagnon ou une compagne de voyage sachant un minimum se défendre en cas de besoin (parce qu'elle était pacifiste, pas stupide), Helene restait en ville.

Voilà donc pourquoi, en cette fin de matinée, on pouvait trouver au rez-de-chaussé d'une petite auberge une jeune femme de petite taille, installée non loin du comptoir. Son sac était posé sur la table, juste devant elle, alors qu'elle s'apprêtait à se rassasier d'un repas qui lui avait été offert en échange d'un petit service rendu à l'aubergiste. Aussi, par habitude, elle joignit ses petites mains ensemble histoire de remercier le Seigneur de lui avoir accordée ce repas au terme de la première partie d'un si beau voyage. Pour peu, on aurait pratiquement dit une poupée avec son expression trop rayonnante, ses pantalons noirs (brodés tel un vitrail qu'on trouvait dans son église par ses soins) lui arrivant à la mi-mollet et sa veste blanche ouverte sur un débardeur gris clair ne faisaient qu'accentuer le rouge beaucoup trop tape à l'œil de ses cheveux. Bref, rien en elle ne laissait croire, à première vue, qu'il s'agissait d'un prêtre en voyage! Mais bon, n'était-ce pas là le charme de mademoiselle Dagenais?

[Sorry, short, mais tu sais à quelle point j'aime les introductions ]

[So here we go!]

Après une nuit fort paisible, Chris s'était réveillé de bonne humeur, comme souvent, dans l'auberge qu'il avait investi la veille. Après plusieurs nuits passées à loger à la belle étoile, retrouver un vrai lit lui avait fait le plus grand bien, et c'est peu dire. D'ailleurs, il avait dormi comme un loir, et ce pendant près de 10 heures, lui qui ne franchissait que rarement le cap des 6 heures de sommeil. Autant dire qu'avec une nuit pareille, il s'était réveillé plein d'énergie!

Après avoir fait sa toilette, s'être habillé et avoir rangé ses affaires, le jeune californien quitta la petite chambrette, rasséréné. C'est que la route était encore longue avant d'arriver dans le territoire libre! Par ailleurs, il avait prévu de quitter Springfield vers midi, et la matinée était déjà avancée. En descendant tranquillement les escaliers menant à l'espace de la réception, il repensa à son but: la résistance, plus spécifiquement le convoyage. A force de traîner ses guêtres et ses oreilles partout, pendant 5 ans, Chris avait fini par avoir une information assez fiable, selon laquelle une sorte de guilde s'était montée et installée à Little Rock, Arkansas. C'est donc là bas que finirait sa course effrénée finalement, alors que la destination originelle était la ville-capitale de cet état libre. Anyway, on parle quand même de plusieurs jours de route, de toutes façons. Pas demain la veille qu'on arrive!

Chris arriva à la réception, peu occupée à cette heure où les habitants s'apprêtent à passer à table. Il y avait juste une jeune fille, assise dans un siège et en train de prier visiblement; la posture ne trompe pas trop; et puis, personne d'autre, même pas le gérant ou sa dame.

Arrivé à la hauteur du comptoir, et près de la demoiselle fort ravissante, Chris lui sourit poliment alors qu'un tas de pensées plus osées lui venaient à l'esprit. Cela faisait plusieurs mois qu'il n'avait pas partagé son lit, et la vue de demoiselles aussi jolies lui mettait toujours les sens en éveil; allez comprendre, les hormones sans doute...

"Salut!"

Dit-il simplement, pas par manque de respect mais parce que la donzelle lui paraissait assez jeune, et dans ces circonstances, un "bonjour" aurait peut-être été trop solennel. Loin s'en faut, pensa-t'il alors qu'il détournait les yeux, à contrecœur, de la jeune femme pour repérer le carillon posé sur le comptoir, qu'il tapota à 3 reprises. Après le "glingligling", le gérant apparut derrière ledit comptoir, sourire bonhomme aux lèvres.

"Salut le jeune! Alors tu nous quittes déjà, de si bonne heure?"

"Bonjour! Il faut bien ouais, la route est encore longue jusqu'à Little Rock, mon ami!"

"C'est vrai, c'est vrai. Ça a été quand même, le lit était confortable?"

Demanda le taulier avec un sourire complice. Le sujet "confort des lits" avait été un des sujets de conversation que Chris avait eu avec le bonhomme, la veille, quand il s'était installé ici. Une sorte de private joke, on dira.

"Ahah, oui oui il était génial ton lit! Dommage que j'y ai dormi seul mais bon!"

Emporté par son enthousiasme et son bonhommie, Chris avait momentanément oublié qu'il y avait une demoiselle à côté de lui! Le gérant et lui tournèrent la tête en sa direction, l'espace de quelques instants, juste assez pour que Chris redevienne sérieux!

"Bon, c'est pas tout ça... Au fait, j'ai arrangé la serrure de la fenêtre qui étais coincée. T'auras plus d'ennuis avec ça, maintenant, garanti! Bon, allez, j'me sauve, encore merci pour l'accueil, tu remercieras ta dame de ma part pour hier soir hein!"

"Ah, merci Chris, t'es un chic garçon. Si tu repasses par ici, la porte te sera ouverte sans problèmes, n'hésites pas. Bonne chance et fais gaffe à toi."

Avec le ton paternaliste du gérant, on pouvait se douter que la veille, ils avaient vraiment bien discuté, picolé et refais le monde; le voila à se prendre pour un père d'un jour avec le jeune voyageur! Valentine répondit en tendant sa main droite pour un serrage de pince en bonne et due forme:

"Dis pas ça, tu vas me porter la poisse! Allez, salut!"

Après quoi il prit la direction de la porte, et quitta l'établissement.

Dehors, il faisait la chaleur qu'on est en droit d'avoir et de subir en plein moi de juin. Un bon vieux début de canicule comme on n'en fait plus que dans ces terres d'Amérique du nord. Encore devant la porte refermée de l'auberge, Chris sortit d'une des poches de son jeans son foulard noir, qu'il noua autour de ses cheveux, en se demandant tout à coup si le noir n'allait pas favoriser l'insolation, au lieux de la ralentir...

Tout juste Helene avait-elle eu le temps de reposer les mains sur la table et de considérer son repas qu'un salut semblant porté d'une vie à part entière lui fut adressé de la part d'un visible client de l'auberge. Jeune homme charmant, il fallait l'avouer, après tout, ses yeux n'étaient pas tournés uniquement vers le Seigneur, ce serait là une large faute! Après tout, qui ne vie que du Seigneur passe souvent à côté de ce qui compte le plus: soit les agneaux du Saint Père desquels elle avait jurés de prendre soin. Et puis, même si elle n'était pas dans sa région, un prêtre reste un prêtre et sa mission restait la même. Enfin, pour le moment, la jeune femme se contenta de rendre la salutation du jeune homme d'un signe de tête posé, accompagné de son habituel sourire indéchiffrable de par sa complexité et de son rayonnement tout simplement unique. Ce genre de chose commençait bien la journée! Le sourire d'un humain porte après tout en lui seul plus de vertu qu'un repas bien préparé.

Enfin, alors que la prêtre de Pennsylvanie entamait ce qui serait vraisemblablement son unique repas de la journée, elle eut l'occasion d'entendre la conversation qu'avait ce bout d'entrain avec l'aubergiste. Miss Dagenais eut d'ailleurs du mal à s'empêcher d'esquisser ce qui s'apparentait à un rire lors de la remarque des deux hommes au sujet du lit. Et bien quoi! Elle était prêtre, pas morte vivante ou bien dénuée de sens de l'humour! Au contraire, cela faisait plaisir à voir qu'en ce monde où tant de gens sombraient dans les profondeurs nébuleuses du désespoir, certaines personnes trouvaient toujours le moyen de sourire et de prendre le temps de profiter des meilleurs occasions pour rire un peu. C'était un signe d'une bonne force morale en ces temps!

Toutefois, la conversation commença à prendre pour la fumeuse (pas dans l'auberge tout de même!) une tournure beaucoup plus intéressante lorsque le nom Little Rock parvint à ses oreilles comme un appel divin. Quoi, telle était la destination de ce bout d'entrain? Oh! Et dire qu'il partait déjà! Pourtant, ce n'était pas un mal! Car après tout, comme elle avait tendance à le répéter lors de ces sermons: «Un miracle n'arrive jamais seul. Le Seigneur nous tend la main, mais il ne peut pas tout faire pour nous! Il nous faut, pour le remercier de son amour, y mettre de notre pour parvenir à sa véritable réalisation!» Ainsi donc, remerciant de nouveau le Saint Père de lui avoir envoyer sur son chemin un être visiblement susceptible de pouvoir l'accompagner agréablement vers le lieu où elle pourrait trouver de quoi venir en aide à sa communauté chrétienne!

Aussi, une fois ceci fait, Helene allait se retourner vers le dit jeune homme, jusqu'à ce qu'elle l'entende pousser la porte! Bien décidée à accepter la main tendu du Seigneur tout en honorant la cuisine de la place, la jeune femme aux cheveux rougeoyants se retourna plutôt vers l'aubergiste.

"Excusez-moi, je ne voudrais pas être indiscrète, mais vous savez si ce jeune homme voyage seul jusqu'à sa destination?"

"He, oui; pourquoi vous demandez?"

"Et bien, je ne peux pas voyager seule et il semble avoir la même direction que moi. Vous savez s'il pourrait être intéressé par un peu de compagnie?"

Questions et questions, pourquoi ne pas demander directement? Tout simplement parce que cette jeune femme ne se voyait pas trop s'imposer, comme ça, sans prévenir dans le voyage d'un autre. Enfin, c'était un peu ce qu'elle faisait, mais avec précaution si on veut. Après tout, bien qu'à son aise avec les autres humains, Dagenais n'était pas ici entouré de ses paroissiens et ne connaissait pas aussi bien les gens, elle ne pouvait donc pas se permettre d'agir aussi librement ici! Et puis... savait-il au moins qu'elle était prêtre!?

"Un instant je reviens tout de suite!"

Sur ce, l'aubergiste sortie, visiblement à la rencontre du jeune homme venant de quitter les lieux, un étrange sourire aux lèvres. Décidément... ces hommes, toujours avec une idée derrière la tête ceux-là! Quoique... elle n'était peut-être pas nécessairement mieux parfois. Pardonnez-la Seigneur, mais Helene Dagenais reste tout de même l'un de vos précieux agneaux tout en étant bergère!

"Hep, Chris!"

Valentine se retourna, ayant reconnu la voix de l'aubergiste, normal puisqu'il l'avait quitté il y avait même pas une minute! Décidément, il commençait à croire que l'homme voulait le retenir à tout prix! Le jeune homme afficha une mine interrogative, sans relâcher son sourire.

"Voui? Je te manque déjà?"

"Non, enfin si mais là n'est pas la question! La demoiselle qui était attablée, tu vois de qui je parle hein? Bien, elle m'a posé une question, et je pense que ça peut t'intéresser, écoute plutôt."

Le taulier lui narra alors les quelques mots échangés avec la jeune fille en question, qui selon lui, serait intéressée par son escorte jusqu'à Little Rock. Et pour un peu, le gérant de l'auberge se proposait de lui arranger le coup, non mais regardez-moi ça, le zèle quoi!

Chris sourit, amusé par les sous-entendus du patron, puis opina du chef en retournant vers la porte, accompagné par son logeur qui ajoutait:

"Allez va, en même temps tu prendras un vrai repas avant ton départ, faut bien ça pour faire ce voyage hein!"

"Rah, tu abuses! Je t'avais dit que je vous emmerderais pas davantage, et voila que tu m'invites!"

Dit-il en rigolant, avant de re-pénétrer dans l'auberge.

A l'intérieur, il déposa son sac de voyage sur une table basse et ôta son bandana à peine mis, avant de se diriger vers la table de la jeune demoiselle en détresse, selon l'expression du chef qui était déjà allé chercher des couverts supplémentaires et une assiette bien remplie. S'asseyant donc en face de la demoiselle, tout sourire, Chris annonça la couleur:

"Besoin d'un accompagnateur, donc? Je veux bien t'aider, ça marche!"

C'est le moment que choisit le gérant pour réapparaitre, couverts et verre dans une main et une assiette rempli à ras la tronche de légumes: Chris est végétarien.

"Bon appétit les jeunes!"

Dit-il après avoir déposé le tout sur la table, devant Valentine, puis il lui tapota l'épaule ensuite, avec un air enjoué. Bon, il se prenait clairement pour un entremetteur maintenant, super.

"Merci chef, mais n'en fais pas trop non-plus hein!"

Alors qu'il regardait son assiette de crudités, il se dit que finalement, il avait faim; ça serait idiot de partir le ventre vide, en fait. Un regard vers la demoiselle plus tard, il lui sourit et lui souhaita un bon appétit, avant de "passer à l'attaque". Végétarien ne rime pas nécessairement avec appétit d'oiseau, Val' le prouvait à lui-tout seul. En même pas 5 minutes, il vida l'assiette à plus de sa moitié, coupant son repas d'un verre d'eau fraîche. Ok, il mange beaucoup et vite, mais pas comme un cochon hein! Il sait encore se tenir, surtout devant une demoiselle!

"Au fait, moi c'est Chris. Et toi, tu t'appelles..?"

Derrière le comptoir, assis et bien caché et faisant mine d'éplucher un livre de comptes quelconque, le tenancier devait se réjouir d'entendre que Chris passait à l'attaque; croyait-il sûrement, bien que ses intentions étaient en fait tout à fait ordinaires: sympathiser. La drague, ça viendrait plus tard, là n'était ni le lieu ni le moment!

Et il ne fallu que peu de temps pour que le dit aubergiste fasse éruption dans la pièce, laissant finalement place à un éclat de soleil inondant la place de sa chaleur matinale douce et apaisante, parfait annonce d'une bonne nouvelle. Le sourire porteur de cette matinée ensoleillé rencontra un autre sourire en provenance de l'Est du pays: cela voulait déjà tout dire. Le sol de bois annonçait l'approche du jeune homme avec qui, visiblement, Helene risquait de continuer sa route, jusqu'à le trouver face à elle afin de prononcer ce qu'elle avait déjà compris. Néanmoins, malgré tout, entendre cette nouvelle certitude faisait toujours plaisir et cette prêtre ne pouvait en être que plus ravie.

Il ne fallu que peu de temps avant que l'homme s'occupant de l'auberge ne revienne avec un second repas pour ce client semblant si agréable, avant de s'éclipser dans un sous-entendu entre hommes. Bien que l'endroit fut fort peu peuplé, cela semblait doucement prendre une vie et une forme agréable, bien que moins impressionnante que celle de sa communauté chrétienne, mais c'était tout de même difficile à égaler. Ainsi donc, par politesse et voyant que le voyageur solitaire (plus pour bien longtemps en fait) semblait avoir une faim de loup, la jeune femme le laissa manger tranquillement, profitant de la même occasion pour entamer son propre repas. Il fallait le dire, la cuisine ici était excellente! Surtout en fait lorsque vos derniers repas datent d'un voyage en forêt; la cuisine maison est toujours appréciée.

"Au fait, moi c'est Chris. Et toi, tu t'appelles..?"

"Helene Dagenais," répondit-elle directement accompagnant son fidèle sourire indéchiffrable, "enchantée!"

La jeune femme hésita un moment à tendre la main au-dessus des plats, puis décida finalement d'y aller pour cette option. Après tout, ils allaient voyager ensemble semblait-il, mieux valait commencer du bon pied! Et puis, même si Chris semblait tout sauf formel, soit plus familial qu'il ne l'aurait sans doute été s'il avait su qu'elle était prêtre, Helene restait ce qu'elle était et son éducation lui avait appris à garder une attitude plus formelle. Bon d'accord, entant que controverse assumée, elle respectait assez peu cette règle, mais peu n'ayant jamais voulu dire "pas du tout", cette prêtre s'assurait de garder une formalité essentielle au respect qu'elle vouait à tous les agneaux, qu'ils soient sages ou non.

"Merci de bien vouloir me laisser vous tenir compagnie jusqu'à destination."

Elle laissa sur place une courte pause, puis repris sur le même ton enjoué et léger, aussi éclatant de vie que le soleil matinal les baignant de ses rayons.

"Désolé pour le vouvoiement, c'est une vieille habitude."

Et oui, Helene ne se souvenait pas avoir jamais tutoyer quelqu'un d'autre que les quatre autres enfants avec qui elle avait grandi depuis sa séparation avec le foyer dont elle portait encore le nom. Que voulez-vous, on ne peut pas être totalement marginal non plus! Il faut tout de même avoir un peu de retenue lorsqu'on est dans les ordres!

Chris répondit à la main tendue par Helene, à vrai dire il était tout à fait le genre de personne à apprécier le contact physique; pas simplement dans son sens charnel, mais d'un point de vue plus général. Le contact tactile était quelque chose qui, selon lui, permettait de rompre certaines distances avec les gens; une poignée de main, une tape à l'épaule ou une bise sonore..
De plus, ici en l'occurrence, Chris eut l'occasion de sentir la peau toute douce de la main de Helene, concluant que c'était sans doute une fille du genre délicate, de bonne éducation, peut-être une intello' aussi; bah, entre les mains d'une fille de ferme qui passe sa vie à traire les vaches à pépé, et une fille qui use ses doigts à l'écriture, par exemple, il n'y a pas photo.

En plus, elle le vouvoyait, alors que de son côté, Chris avait naturellement opté pour le tutoiement, justement parce qu'elle paraissait jeune. Ce qui ajoutait au petit côté aristo' de la jeune fille. Mais loin s'en faut pour que cela laisse Chris sur les fesses ou que cela le refroidisse d'une quelconque façon. Ce n'est pas parce qu'on est habitué à fréquenter les basses couches de la société qu'on ne peut pas discuter et se prendre de sympathie pour une personne mieux éduquée que la masse.

"Ça ne me dérange pas, t'inquiètes."

Dit-il, ponctuant l'affirmation d'un clin d'œil.

Et bin, au moins il ne s'ennuyerait sûrement pas pendant son voyage. Nan, pas dans le sens que vous imaginez, pervers.

Après avoir fini son repas en 2 temps 3 mouvements, Chris attendit patiemment que Helene en fasse autant; il avait remarqué qu'elle prenait son temps pour manger le repas préparé par la femme de l'aubergiste, sans doute une manière de mieux l'apprécier. Le jeune homme évita les questions qu'il pouvait avoir en tête, pensant que d'une part, cela ralentirait encore plus le repas (faut penser à partir quand même!), et d'autre part, il fallait garder de la conversation pour la route qui serait un peu longue!

Bref, il était déjà 13h passées quand Chris salua pour la seconde fois l'aubergiste, et remit son barda sur son dos, prêt à décoller de Springfield avec la jeune femme. Lorsque celle-ci fut fin prête, le tandem improvisé 1h plus tôt quitta l'établissement, direction la sortie de la ville. C'est à ce moment là seulement que Val' envoya les quelques questions qu'il avait en tête.

"Tu viens d'où au fait, Helene? Et qu'est ce qui t'amène en direction de Little Rock?"

Qui sait, peut-être que la jeune femme envisageait, comme lui, de rejoindre la résistance; ce qui leur ferait un point commun et qui signifierait qu'ils travailleraient peut-être ensemble à repousser l'envahisseur.
En attendant quelques réponses, Chris sortit son paquet de cigarettes, en proposa une à sa compagne de route, et s'en alluma une (et tendit l'allumette flambante à Helene si elle avait choisit de se servir!). C'était là une des habitudes du jeune homme: après un bon repas, une bonne clope pour digérer! Bon en fait, ça n'aide pas spécialement à la digestion de fumer, mais ça lui permettait de mieux apprécier ce qu'il venait d'avaler!



[GM: -1 (ou 2) cig's, -1 allumette]

Et bien déjà ça, ça la soulageait. Après tout, dans sa paroisse, c'était une habitude pour elle de vouvoyer tout le monde, qu'importe l'âge où le milieux. Et généralement, sachant sa position, cela avait pour effet de mettre les autres en confiance, donnant l'impression - de manière toute à fait justifié je vous assure - que la jeune prêtre accordait à chacun un respect mérité et égal, autant enfant qu'aîné et que fermier ou commerçant bourgeois. Toutefois, en voyage et en une situation où cette jeune femme à l'allure particulièrement tape à l'œil passait pour tout sauf ce qu'elle était, il y avait un risque à ce que certains le prennent mal. Enfin, Helene avait eu de la chance ici en tombant sur un jeune homme aussi ouvert - semblait-il - sur les relations sociales.

Toutefois, voyant Chris finir son assiette aussi rapidement, Dagenais ne put s'empêcher de prendre un peu moins de temps que d'habitude, histoire de ne pas mettre celui qui avait bien voulu l'accompagner jusqu'à Little Rock en retard. Non pas qu'elle avait l'habitude de toujours manger aussi lentement, mais elle se faisait toujours un devoir, lorsqu'on cuisinait pour elle, d'apprécier chaque bouché de son repas en signe de respect pour celui ou celle l'ayant préparé. Et puis cela lui laissait le temps de se faire un peu plus une idée sur celui qui s'était improvisé son accompagnateur.

Enfin, il ne fallu pas si longtemps avant qu'Helene ne salut respectueusement l'aubergiste et sa femme et qu'elle sorte, accompagné de Chris, dans la lueur des rayons de ce début d'après-midi. Pour peu, elle aurait pu croire que le Seigneur lui faisait la faveur d'une aussi belle journée pour voyager, mais cela aura été un raisonnement un peu trop égocentrique. Après tout, cette faveur n'était pas sienne, mais bien à tout ceux et celles étant présents pour en profiter, qu'importe leur âge, leur sexe, leur occupation et préoccupations. Croyant ou non, ces rayons de miel donnaient l'impression que le sol se transformait en une rivière dorée sous leur pas.

"Tu viens d'où au fait, Helene? Et qu'est ce qui t'amène en direction de Little Rock?"

Ah, oui, c'était toujours intéressant à savoir ce genre de détail, les premières informations de bases à demander à quelqu'un après son nom (histoire d'avoir au moins une meilleure appellation que "hé toi"). Pourtant, à quelque part, la jeune femme semblant avoir les yeux plus rouges que cuivre à cause des rayons du soleil de midi hésitait à répondre. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elle aimait bien l'idée qu'on ignore qu'elle soit aujourd'hui prêtre. Elle aimait qu'on la traitre comme n'importe qui d'autre une fois de temps en temps, laisser de côté le malaise que certains avaient quant à savoir comment ils devaient l'appeler; sachant que "mon père" ne s'appliquait pas vraiment ici. Et puis, qu'elle soit la prêtre Dagenais ou simplement Helene Dagenais, voyageuse improvisée, cela ne l'empêchait pas de servir le Père de la même façon. Et puis... ce n'était que pour un court moment, ce n'était pas pêché tout de même. Enfin, ayant le mensonge en horreur et se disant qu'elle devait bien cela à Chris qui s'était déjà montré si généreux en acceptant de voyager avec elle, elle tourna la tête vers lui, plaçant une main au-dessus de ses lunettes alors qu'elle devait lever la tête pour mieux l'observer.

Ce n'est qu'en se retournant qu'elle aperçu que son compagnon de voyage lui proposait un cigarette. Bien que ne fumant pas très souvent dans la même journée, une telle invitation ne se refuse pas! Ce n'était pas pêché tout de même, une simple cigarette! Et puis, elle ne mettait la vie de personne en danger et n'empêchait pas les non-fumeurs de leur air saint. Après tout, elle fumait généralement dans le sous-sol de son presbytère, endroit encore inconnu de plus de quatre-vingt-dix-neuf pour-cents de la population! Enfin, Helene se contenta pour le moment de le remercier avec son pratiquement éternelle sourire si chaleureux en acceptant la cigarette tendue, qu'elle ne tarda d'ailleurs pas à allumer. Puis, une fois avoir pris le temps d'en profiter un peu, la prêtre controversée reporta son attention vers Chris.

"Je suis en route pour aller chercher quelques fournitures pour mon église," répondit-elle finalement, tout naturellement avec ce sourire légèrement (à comprendre ici TRÈS légèrement) plus posé qu'elle abordait en parlant de son église. "On ne peut pas trouver grand chose d'utile en Pennsylvanie et encore... les prix sont tout sauf raisonnables!!!"

Et voilà, tout était dit; sauf le fait qu'elle venait d'un petit village, mais c'était un détail ça! Et puis bon, c'était peut-être un peu dommage de devoir sous-entendre immédiatement son statu social, mais bon, ce n'était pas si grave, elle n'allait pas en mourir non plus.

"Et puis-je vous retourner la question? Vous n'avez pas l'air du coin... du sud peut-être?"

Allez, un essaie comme ça. Après tout, pour le peu qu'Helene était sortie de sa Pennsylvanie natale, elle n'avait eu l'occasion que de voir les quelques voyageurs passant s'abriter dans son église, soit très peu de gens venant de l'extérieur de l'état. C'était donc pourquoi voyager était si bénéfique pour cette jeune prêtre! Après tout, on dit que les voyages forment la jeunesse, et bien justement, elle était encore jeune et partisane de la philosophie voulant qu'à chaque jour venait son apprentissage. Ainsi donc, voir le monde ne pouvait que lui faire le plus grand bien et ainsi, d'une manière ou d'une autre, lui permettre d'aider plus concrètement sa communauté chrétienne. Décidément, voyager lui fesait du bien.

Alors que Chris exhalait un cerceau de fumée de ses petites lèvres, celles fort attirantes (on ne se refait pas) d'Helene s'activaient pour répondre à la question qu'il avait posé précédemment. Ainsi donc elle arrivait de Pennsylvanie? Val' ne retint pas un sifflement admiratif:

"De Pennsylvanie? Dis-donc, ça fait une sacrée trotte ça!"

Et oui, le jeune homme avait quand même déjà étudié la carte des États-Unis, du moins assez pour connaître la position des 50 états (ne lui demandez pas toutes les capitales d'état). En l'occurrence, rien qu'entre Springfield et la Pennsylvanie, Valentine imaginait au moins 1400 km de route, facile. Il aurait bien demandé en combien de temps elle avait fait ce trajet, mais la question n'était pas vraiment intéressante ou d'importance majeure.

D'ailleurs, en parlant de temps de trajet, celui qui attendait les 2 aventuriers ne manqueraient pas d'être long, à moins d'un miracle: 400 km séparaient Springfield et Little Rock, et en allant à pieds, il y en aurait pour 8 jours...

Sinon, il nota la formulation de Helene quand elle évoqua son église; à ces paroles, il conclut qu'elle devait être une pratiquante très investie dans la vie de sa communauté paroissiale; loin de lui l'idée qu'il parlait avec une ecclésiastique!

Bref, le jeune homme se prêta à son tour au jeu des questions/réponses, sans se départir de sa bonne humeur légendaire.

"Du sud-Ouest plutôt; je suis né sous le soleil de Californie. Tu connais peut-être ce cliché, mais mon père m'a raconté ,quand j'étais plus jeune, qu'avant l'invasion la Californie était réputée pour ses plages qui attiraient pas mal de surfeurs. Tu connais le surf? C'est un sport aquatique, un genre de skate-board sur l'eau. Bref, c'est le cliché, mais il en a pris un coup quand même!"

Il est bon de rappeler que la plupart des jeunes gens nés sous l'Ordre Khuran ne connaissent que de nom, ou pas du tout, tel des légendes, les activités et loisirs qui se pratiquaient "avant". Pour ainsi dire, beaucoup de sports ou de jeux avaient disparu à mesure que le nouvel ordre s'établissait: les Khurans réduisant en esclavage les populations qui n'avaient alors, plus du tout l'occasion de s'adonner à ses activités autrefois synonymes de loisir. Et dire que ce n'était qu'il y a 42 ans, tout ça, et cela semblait pourtant si loin!

Plus tard au cours de la journée, entre d'autres questions de moins d'intérêt, Chris demanda à Helene comment cela se faisait qu'elle voyageait seule, si loin de chez elle. Puis il arrêta les questions, ne voulant pas se rendre agaçant aux yeux de la demoiselle, et il s'arrêta de temps à autres sur un paysage, un relief quelconque ou quelques fleurs; ou quand une patrouille de collabos se faisait entendre, alors il tirait Helene par la main et ils se cachaient dans un fourré, histoire d'éviter des ennuis malvenus.

Et très vite, ils arrivèrent à la fin de la journée, moment opportun pour installer un bivouac pour la nuit. Voyageur plus expérimenté, Chris trouva un creux entre 2 collines, assez éloigné de la vieille autoroute qu'ils avaient longée pour ne pas risquer de se faire surprendre par des patrouilleurs. Dans ce creux de colline donc, il n'y avait pas d'arbres pour accrocher son hamac mais l'herbe était abondante et molle, ce qui compenserait un peu!

"Tu peux te reposer un peu si tu veux, pendant ce temps je vais aller chercher quelques branches pour faire un feu."

Annonça Val', serviable (toujours), avant de s'exécuter. Il paraissait calme mais un peu moins souriant, et pour cause: il était toujours ainsi préoccupé quand il devait dormir à la belle étoile dans une zone à risques. Certes, ils s'étaient bien rapprochés du territoire libre, mais ils n'étaient pas encore assez près de celui-ci pour ne pas être inquiétés par quelques êtres malfaisants. Ces zones frontalières étaient parfois "visitées" par quelque Traqueur en maraude ou quelques collabos zélés. Bref, Valentine avait mis ses sens en alerte tandis qu'il arrachait quelques branches à un arbre, à moins de 50 mètres de l'endroit choisi pour bivouaquer. Mieux valait se préparer à tout, même au pire, que n'être préparé à rien, en fin de compte. C'est ce à quoi il songea en revenant vers Helene, les bras chargés de fines branches.



[A ton tour de planter le décor un peu ]

La journée se passa agréablement bien. Fidèlement à sa première intuition, Chris se révélait être, jusqu'à présent, un compagnon de voyage fort agréable, tout en étant du genre à profiter de ce que la Vie lui offrait. Aussi, Helene ne tarda pas à se laisser prendre elle-même au jeu de la voyageuse banale, laissant un peu de côté son rôle histoire de profiter de la nature et de contempler le changement de paysage. Ce n'était rien de bien mal, c'était un peu comme si un berger (bien qu'il fut ici question d'une bergère se sentant toujours quelques peu brebis), ayant confier son fidèle troupeau un autre berger (envoyé tout droit de l'abbaye où elle avait monté dans les ordres), prenait le temps de se balader avec son seul agneau, découvrant le monde avec ses yeux et se laissant même au jeu de se laisser guider. Se laisser guider... il y avait longtemps quand même qu'elle ne l'avait pas fait. Enfin, plus depuis ses premières années à l'abbaye du père Jacobson. C'était agréable... elle ne pouvait pas le nier.

Enfin, puisqu'aux yeux du Californien, elle n'était pas prêtre, elle s'efforça de répondre à ses quelques questions sans laisser paraître cette réalité. Pour une fois qu'on ne verrait pas l'exagération de ses mouvements, son apparence passant assez peu inaperçue et cette manière si familière de parler (à l'exception du vouvoiement qui ne la quittait jamais) comme une "erreur" ou un manque à son éducation... Mieux valait profiter du moment et ce fut exactement ce que fit Dagenais!

"Tu peux te reposer un peu si tu veux, pendant ce temps je vais aller chercher quelques branches pour faire un feu."

La soirée commençait déjà à s'annoncer par le couché du soleil, teintant l'herbe plus ou moins haute d'or et de cuivre, laissant l'impression de voir les flammes dévorer la terre au moindre coup de vent. Là où plusieurs êtres de sa communauté chrétienne et bon nombre de ses connaissances y auraient vu un mauvais présage, Helene trouvait se spectacle plutôt agréable. Aussi, suite à sa longue journée, elle se laissa tomber dans l'herbe de tout son long, prenant le temps de respirer le grand air un court moment. Puis, laissant son sac non loin d'elle, contre ce qui devait bien être la seule pierre de moindre envergure (non pas un rocher, je vous en pris, ce caillou devait arriver au maximum aux genoux de la prêtre étant elle-même petite!), la jeune femme ayant de nouveau les yeux rougis par le soleil se mit à l'ouvrage. Si Chris allait chercher de quoi faire un feu, elle allait au moins préparer un endroit pour l'installer.

Ainsi donc, accoutumée à manipuler les flammes, Helene désherba un espace non loin de la pierre contre laquelle reposait son sac de voyage et commença à creuser un petit trou peu profond et disposa quelques pierres autour de celui-ci. De cette manière, si le vent se décidait à faire danser de nouveau leur lieu de repos, que celle-ci ne prenne pas véritablement une allure plutôt infernale.

"J'hésitais à monter la tente... avec aussi peu d'arbres autour, je crains que ce soit suspect si jamais on a affaire à une patrouille de nuit. Et puis en même temps, la nuit est claire, on ne devrait pas vraiment craindre une averse."

En effet, cette nuit, aucun nuage n'encaissait le ciel, ici dévoilé à son état de pureté la plus totale. Il semblait presque, pour peu, que le Seigneur lui-même dévoilait son royaume à ses agneaux, faisant de ses étoiles multiple une enveloppe réconfortante. Toutefois, bien que les étoiles leur accordaient leur lumière, celles-ci ne leur offriraient pas de chaleur. C'est donc pourquoi, respectant sa philosophie voulant que "qui veut un miracle, travaille pour et celui-ci sera accordé", Helene commença à placer les branches de à créer une feu assez bas, mais pouvant rester allumer pendant une longue durée sans trop d'entretien. Non, elle n'était peut-être pas une campeuse expérimentée, mais n'oublions, je vous pris, pas son goût prononcé pour les explosifs. En effet, sachant cet art qu'elle tentait de développer fort peu apprécié par l'Église, lors de son temps à l'abbaye, elle avait tendance à se retrouver dans les coins sombres de celle-ci avec le Frère Delage et un autre jeune homme aux aspirations similaires à la sienne. Étudiant dans la pénombre des flammes rougissant ses yeux, Dagenais avait donc pris l'habitude de jouer avec le feu. D'où le fait que, lors de ses très pèlerinages, elle ne soit pas totalement inutile sur ce point. Et puis, entant que prêtre, elle se devait de savoir protéger ne serait-ce que moindrement les autres, donc quoi de mieux que la lumière pour protéger des dangers de la nuit?

"Au fait... vous avez faim?"

Pour le moment, la soirée s'annonçait paisible. Il ne restait maintenant qu'à voir si cette annonce se révélait trompeuse...

[1 (ou 2 dépendant de Chris) portions de riz en moins]

Chris sourit en écoutant la remarque à propos de la tente. Helene se faisait une fausse idée, si elle pensait que monter une tente les rendraient plus visibles aux yeux des ennemis potentiels; enfin, c'était vrai dans une certaine mesure, mais loin s'en fallait; la preuve, ce feu qu'ils allaient allumer, serait visible à au moins 2 kilomètres à la ronde, pour peu que l'ennemi soit dans une position où sa vue était dégagée. Le temps de venir ici, si ils étaient à cheval, ça prendrait même pas 5 minutes, alors pour ce qui était de se mettre en danger, le feu suffisait amplement.
D'ailleurs, Chris exprima poliment ce point de vue à la jeune femme, qu'il conclut ainsi:

"... Donc le principe, pour ne pas prendre trop de risques, c'est de cuire rapidement ce qui doit l'être, puis d'éteindre le feu ensuite. Mais j'ai rencontré pas mal de voyageurs qui avaient pris l'habitude de toujours manger cru pour éliminer complètement ce risque."

Cela étant, ils n'étaient plus qu'à une journée de marche ou deux de la frontière invisible du territoire libre, et Val' doutait quand même un peu que ce feu attire les ennuis, comme la lumière attire les insectes.

Cependant, il espérait que ce petit cours 101 incite Helene à cuire rapidement ses denrées; Elle lui proposa par ailleurs une ration de son riz, qu'il accepta volontiers. Il proposa alors à son tour quelques légumes pour agrémenter le repas.

Après la cuisson des mets, Chris étouffa à moitié le brasier avant de retourner s'asseoir auprès de sa compagne de route, avec qui il partagea un repas, ma foi, agréable et plaisant. Tant pour le contenu et sa qualité gustative, que pour, d'une façon plus globale, l'ambiance. Un dîner avec un garçon et une fille, sous le soleil déclinant, voila un beau tableau dont le jeune californien ne se serait pas lassé.
Seule ombre au tableau, finalement, c'était le vouvoiement de Helene. Bien sûr, il avait dit que cela ne le dérangeait pas, lors de leur repas du midi à l'auberge; mais depuis, ils avaient fait une demi-journée de route, et pour en souper du vouvoiement, il en avait sacrément soupé! Non-pas que ça l'agaçait, mais en fait, pas-loin: ça l'empêchait un peu de créer une sorte d'affinité, de complicité finalement, avec elle, ce qui le gênait un peu. Lui qui n'a pas l'habitude de créer des barrières autour de lui...
Cependant, Chris était bien trop poli pour lui en faire la remarque ouvertement; mais il se jura intérieurement de faire en sorte que, avant la fin du voyage, elle le tutoie. Ça prendrait ce que ça prendrait, mais il y parviendrait!

Finalement, la nuit arriva, et le duo (j'ose pas encore dire couple) se retrouva surveillé par un croissant de lune qui baignait les alentours d'une lumière faible mais diffuse; ainsi le noir n'était pas total aux heures nocturnes, en ce moment.

Chris, qui n'avait même pas déballé son hamac depuis leur arrêt, tâtonna son sac en riant comme un enfant de sa "bêtise". Excédé de ne point le trouver, il finit par sortir une bonne partie de son barda, se cogna légèrement la tête avec sa flute de bambou, et d'autres incidents comiques du même genre se produisirent. "Je crois que je l'ai!" annonça t-il fièrement à sa compagne de voyage, avant de brandir fièrement... Un caleçon! Et ainsi de suite, jusqu'à ce que le hamac soit étalé sur l'herbe et que Val' s'installe enfin, après tant de raffut.

"Tu peux dormir sans craintes, je ne dors que d'un œil! Si il y a un souci, je te réveillerai et on évitera les ennuis avant qu'ils n'arrivent!"

Avait-il dit avec une assurance exagérée, avant de souhaiter la bonne nuit à Helene. Et comme promis, il tint parole, et ne s'endormit pas tout de suite, profitant ainsi de la vue du ciel bien dégagé et de la bénédiction des étoiles. Après un peu plus d'une demi-heure à regarder le spectacle astral, et à avoir tendu ses oreilles à l'affut de tout bruit suspect, il jugea qu'il pouvait se laisser aller au sommeil, ce qu'il fit sans se faire prier. D'un seul œil.

Ah... en effet, elle n'avait pas pensé à ce genre de chose. Aussi, elle ne manqua pas de remercier Chris, autant du conseil que de la manière assez polie qu'il avait employé pour lui faire part de cette petite dose d'apprentissage. Après tout, à chaque jour son apprentissage, voilà qui était donc fait pour aujourd'hui! Toutefois, Helene, étant un être préférant tout de même profiter d'un bon feu pour plus de deux minutes, se mise déjà à penser à quelque chose. Alors qu'elle commençait à faire cuire le riz, son regard sembla momentanément se perdre entre faisant danser son iris. Il faudrait penser à arranger quelque chose pour que ce dernier soit moins visible. Déjà, le construire plus profondément en terre était une bonne option, mais sa lumière resterait tout de même visible, mais un peu moins. Enfin, ce serait à voir. Construire quelque chose pour le couvrir était à envisager, mais même encore, avec du bois comme seul matériel et la nécessité de laisser l'air y circuler librement rendait cet option assez risible. Enfin, il y avait sans doute un moyen de s'arranger, mais pour l'instant, ce n'était pas le moment d'y réfléchir. Après tout, elle était en bien trop agréable compagnie pour se lancer dans ses idées saugrenues.

Sur le moment, comme précédemment insinué par la cuisson du riz et l'apparition des légumes du Californien, tous deux se permirent un repas dans une ambiance légère. Il n'y avait pas à dire, cette jeune femme adorait la compagnie de Chris, bien qu'ils ne se connaissent, en fait, que depuis un peu moins de vingt-quatre heures encore. Aussi, une fois avoir ranger ce qu'ils avaient utilisés pendant le repas, Helene profita des derniers éclats de lumières qu'ils avaient pour sortir de son sac un sac de couchage et, bien sûr, son paquet de cigarette (ce rendant compte, au même moment, que son paquet d'allumette était vide... pas de chance Dagenais). Enfin, elle ne se priva tout de même pas de son petit "vice" lui venant de ses dernières années à l'Abbaye du père Jacobson qu'elle alluma à partir du feu de camp étouffé par les soins de Chris. Puis, après lui en avoir proposé une également, elle alluma la sienne à partir de celle qu'elle avait déjà allumée avant de la lui tendre, sourire aux lèvres.

Enfin, le voile étoilé ne tarda pas à avoir raison d'eux et mit fin à leur journée, sur la note plutôt amusante de Chris (bien malgré lui). Et puis, il fallait avouer qu'elle aussi, commençait à avoir sommeil. Après tout, cette prêtre n'était pas accoutumée à ce genre de longues journées de marche, il lui faudrait donc un repos bien mérité!

"Tu peux dormir sans craintes, je ne dors que d'un œil! Si il y a un souci, je te réveillerai et on évitera les ennuis avant qu'ils n'arrivent!"

"Héhé, je compte là-dessus alors. Bonne nuit à vous Chris, que Dieu veille sur votre sommeil."

Et oui... c'était ça manière de souhaiter une bonne nuit. Pourtant, bien que la lumière ne permettait plus de discerner avec autant d'aisance ses traits et ses yeux cuivrés, on pouvait voir, semblait-il, sur les lèvres d'Helene un sourire bien plus calme et un regard bien plus doux. Une image bienveillante, sans être maternelle, mais nettement plus digne de ecclésiastique qu'elle était. Enfin, ce fut malgré tout assez bref, puisqu'elle ne tarda pas à s'éloigner vers son sac de couchage, installé non loin de la pierre contre laquelle était posée son sac de voyage. Fidèle à ses habitudes, Dagenais s'installa à genoux devant la dite pierre, y posant ses coudes avant de joindre les mains, posant d'abord un regard vers le ciel avant d'entamer sa prière. Et oui, peut-être était-elle la controverse de l'Église, mais elle ne restait pas moins prêtre après tout.

Après avoir entamée les quelques prières qu'elle avait coutume de réciter avant de sommeiller, elle prit quelques temps pour remercier le Père d'avoir mis un jeune homme aussi charmant et attachant que Chris sur son chemin. Elle lui demanda d'aider le jeune Thomas Lockheart de continuer de veiller aussi bien sur sa communauté chrétienne du temps de son absence, puis sur Chris puisqu'elle était peu apte à lui porter grand aide au cours du voyage. Elle le remercia de nouveau pour sa chance et sa bonté, espérant qu'elle soit encore à la hauteur de cette générosité pour le jour suivant. Qu'Il puisse veiller sur le monde comme à son habitude, le temps qu'elle prenne soin d'un unique agneau pour un temps. Elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider au bon déroulement de son œuvre.

*Amen...*

Helene se détourna alors de la pierre, puis porta un court regard au jeune endormis, sourire en coin. Ce fut ensuite à son tour de s'endormir paisiblement, confiante en l'avenir et au bien-être de ses très chers paroissiens. Elle pouvait dormir en paix...

Au matin, une fois que la jeune femme se soit installée contre cette même pierre pour entamer sa prière matinale sous les blancs rayons du soleil, laissant une impression de pureté sans faille sur l'être à la peau claire. La délicatesse incarnée, une impression de fragilité et de parfaite dévotion envers le Père, puis la paix avec elle-même, le monde extérieur et le monde spirituel. Qu'importe ce qu'on dirait, d'une manière où d'une autre, Helene Dagenais restait prêtre.

Néanmoins, une fois celle-ci terminée, son sac de voyage étant déjà près depuis un moment, tout comme elle-même, la jeune femme se retourna vers Chris... toujours endormis paisiblement. Non pas qu'elle n'aimait pas l'idée de le laisser dormir, mais pour elle qui avait l'habitude de se lever avec le soleil et qui espérait ne pas laisser sa communauté chrétienne seule trop longtemps, elle dut se résoudre à s'agenouiller au près de son compagnon de voyage afin de le réveiller avec une délicatesse qu'on ne lui aurait jamais attribuer aux premiers abords. Et en effet, lorsqu'il commencerait à ouvrir ses yeux encore endormis, sans doute, pour une fraction de seconde, Chris trouverait-il près de lui une jeune Helene au visage aussi calme qu'au moment de sa prière, baignée des rayons blanc du ciel encore claire. Toutefois, ceci ne dura qu'une simple fraction de seconde, puisque dès l'instant où ses yeux s'ouvrir, le sourire vibrant de vie et de dynamisme de la jeune femme aux yeux rougies par le soleil ne tarda pas à ce faire voir.

"Come on Sleeping Beauty, time to wake up!"

Un compliment? Oui, bien sûr que s'en était un. Après tout, Dagenais avait beau être prêtre, elle gardait tout de même des yeux pour voir! Enfin, ce n'était pas tout, mais il était grand temps de commencer cette nouvelle journée du bon pied!

[Moins deux cigarettes]
[HRP: Pendant que j'y pense... ils parlent en anglais, donc il n'y a pas de différence entre "you" et "you"... donc disons seulement qu'Helene utilise des formulations équivalents au vouvoiement francophone ^^"]

Jet de dé pour ce 2nd jour de voyage: 13
Pas de soucis pour vous, vous pouvez continuer normalement!

Cui cui cui cui cuiii!

tous les matins, c'était la même musique; pourtant, Chris ne se lasserait jamais d'être à moitié réveillé par le chant des oiseaux, quand bien même ce chant était toujours un peu trop matinal à son goût. Non pas qu'il soit partisan des grasses matinées à volonté, mais Chris manquait toujours de sommeil, pendant ses voyages, et rarement il pouvait se vanter d'voir dormi suffisamment. Mais depuis le temps, il avait appris à composer avec ce désagrément.

Surtout qu'aujourd'hui, ce n'était pas comme d'habitude: il ne voyageait pas seul, mais avec une demoiselle! Et d'ailleurs, la demoiselle en question venait de le gratifier du genre de réveil que Val' adorait. Toute auréolée par le soleil pointant le bout de son nez derrière elle, Helene lui apparut comme une sorte d'ange immaculé. C'est d'ailleurs le côté divin, féérique pratiquement, de cette apparition qui l'empêcha d'avoir le réflexe de tendre le cou pour capturer ces jolies lèvres avec les siennes, chose qu'il aurait fait en temps normal avec un tel réveil. Là, il se contenta de la version soft, sourire discret de début de matinée, et p'tit voix enrouée par le sommeil, il eut quand même l'esprit de répondre:

"Un agréable réveil venant d'une agréable demoiselle... Pas de doute, la journée sera... Agréable!"

Oui, ça serait la journée de l'agréable, c'était décidé!

Après avoir consacré une bonne demi-heure à la toilette, au petit-déjeuner, au rangement du bivouac et des affaires et à la consultation de la direction à suivre, le duo ne tarda pas à se remettre en route, direction Little Rock.
Chris avait proposé, au vu du soleil de plomb, d'accélérer la cadence tant que le soleil ne tapait pas trop fort, puis de faire une halte plus longue de 11h30 à 16h avant de repartir de plus belle, le tout pour ne pas souffrir de l'ensoleillement et pour voyager dans les heures les plus fraîches de la journée. Le rythme de marche était plus soutenu que la veille, mais au moins ils auraient le temps de souffler et esquiveraient les heures trop brûlantes de la journée, à l'ombre d'un arbre quelconque.

Et l'effet de cette marche accélérée porta rapidement ses fruits, puisque dès la mi-matinée et après moins de 2h de marche, le duo atteignit le début du plateau des Ozarks et ses premières côtes douces, ce qui était une bonne nouvelle en soi: cela signifiait qu'ils étaient entré de plain pied dans le début du territoire libre, et que donc, il y avait moins de chances qu'ils aient des ennuis à partir d'ici. Dès lors, Chris aborda la suite de la marche du matin avec l'esprit un peu plus tranquille qu'à l'accoutumée. Enfin, il se sentait non-menacé, ou presque! Lui qui avait toujours voyagé en regardant plus souvent derrière son épaule que devant lui, ça faisait un sacré changement!

Après presque 2 autres heures de marche à bon rythme, le couple de voyageurs atteignit le Table Rock Lake, ou plutôt l'avait dépassé, celui-ci se présentant à leur droite, à l'ouest donc, en contrebas puisqu'ils avaient grimpé. Ce qui signifiait qu'à là fin de leur marche de la fin de journée, ils auraient sûrement atteint l'Arkansas.

Midi se profila donc au dessus de leurs têtes, et concernant Chris, ce dernier le sentit bien passer, malgré son bandana. C'était là le signe qu'ils pouvait faire leur grose halte de la demi-journée pour se restaurer un peu et se reposer en attendant que le soleil décline un peu. Vu la zone un peu plus forestière que la veille, les arbres devenaient plus nombreux, et fournirent l'ombre nécessaire au bon repos du duo.

"Fiu, on n'a pas chômé! 25 kilomètres en une matinée, c'est vraiment pas mal, à ce rythme ce soir on dort dans l'Arkansas!"

Annonça-t-il à Helene en laissant tomber son sac sur le sol herbu avant d'ôter le foulard qui recouvrait sa capillarité. Le temps de se reposer étant venu, Chris comptait bien en profiter pour essayer d'atteindre son nouvel objectif: essayer de se rapprocher un peu de la belle Helene (attention, la belle Helene n'est pas une poire, ici!). Parce que bon, autant se l'avouer, cette présence féminine à ses côtés titillait un peu l'instinct masculin de Valentine, et ses hormones s'étaient quelque peu réactivées en sa présence. Oh bien sûr, Chris n'était pas du genre très très direct, préférant d'abord laisser le charme agir, et puis la finesse vaut parfois (souvent) mieux que d'y aller trop directement.
Ainsi donc, alors qu'il se désaltérait avec un peu d'eau de sa gourde, Chris osa la question qui cache tellement mal les intentions de celui qui la pose:

"Au fait, tu as un copain?"

Sans oublier l'aplomb qui va avec, bien entendu. Bah, il n'allait pas rougir pour si peu, surtout sans avoir de réponse, c'est qu'il est capable de garder tout à fait contenance dans ce genre de situation, le bougre!

Après sa réponse, il partagerait ses légumes chéris avec la demoiselle pour le repas du midi.

L'avant-midi se passa à merveille, une belle matinée ensoleillée, une marche agréable d'un bon pas sous la nature s'éveillant, bref, pour peu, Helene ne remarqua même pas leur allure quelque peu plus rapide. Le changement de paysage divinement mis en valeur par les rayons matinaux eut tôt fait d'émerveiller la jeune femme qui semblait retrouver l'innocence qu'elle avait dans ses jeunes années à l'abbaye. Le soleil encore agréable semblait l'animer d'une vie en parfaite harmonie avec la nature environnante, donnant l'impression qu'elle était aussi légère que la douce brise matinale qui les poussait délicatement à avancer encore un peu. Tout était si différent de sa Pennsylvanie natale, les formes, les odeurs, les couleurs... des plus petites différences jusqu'aux plus grandes, tout était suffisant pour faire le bonheur de cette jeune femme ayant passé le plus clair de sa vie entre les murs protecteurs des bergers du Seigneur.

Pourtant, la présence de son agneau avait, en fait, beaucoup d'influence sur son humeur aussi légère. Oh, bien sûr, ce n'était pas comparable à la compagnie de sa communauté chrétienne, mais quand même. Ce n'était rien de mal, une personne unique ne pouvait pas vraisemblablement remplacer l'animation d'un village et les multitudes de sourires aussi uniques que chacun abordaient dans chacune des situations différentes de leur vie quotidienne. Néanmoins, les gestes et les paroles de Chris, toute sa vivacité, lui rendait cette séparation moins difficile, plus douce, voir même quelque peu agréable. En effet, plus cela allait, plus Helene se disait que ce voyage lui faisait un bien fou.

Aussi, suivant l'idée judicieuse de son compagnon de voyage, le duo s'arrêta à la mi-journée, à l'ombre des arbres commençant à se montrer plus nombreux. L'estimé de leur avancé avait eu tôt fait de faire sourire Helene de plus belle: ils approchaient de leur destination. Juste à cette idée, elle revoyait déjà les visages réjouis de ses paroissiens alors qu'elle arriverait avec du nouveau matériel médical ...ainsi que son propre sourire en ayant enfin de quoi commencer à s'amuser un peu dans son sous-sol. Pourtant, ses idées ne tardèrent pas à être redirigés vers le jeune homme à ses côtés, et ce, par une question cachant assez mal son côté masculin. Enfin, qu'importe, à une question posée aussi innocemment, cette jeune femme ne pouvait que répondre en toute innocence!

"Et non," répondit-elle en passant quelques mèches de cheveux rouges derrière son oreille. "Il faut croire que les membres de ma communautés se sont un peu trop habitué à moi pour que cela soit possible."

La fin de cette phrase avait été ponctué d'un léger rire, dont l'origine restait toutefois inconnue. En fait, ce petit rire pouvant être considéré comme cristallin selon certains trouvait son origine dans plusieurs choses. Premièrement, le contexte de cette réponse l'amusait assez; après tout, qui avait l'habitude de poser ce genre de question à un membre du clergé!? Et puis ensuite, il y avait également la manière dont elle avait tournée cette réponse, ne laissant pas entendre sa position de chef spirituel. Ça l'amusait assez bien comme petit jeu et ce n'avait rien de bien méchant. En effet, cette mademoiselle Dagenais aimait bien le fait d'être vue comme un peu n'importe qui, c'était agréable et cela lui permettait de comprendre un peu mieux le point de vu de ses paroissiens; bien que sur ce côté là, elle en avait toujours été très près. Et puis... une autre raison à ce rire amusé n'aurait su être rien de plus que ce petit regard en coin et le ton de sa voix s'accordant parfaitement à sa question. Bah quoi, tant qu'à jouer la carte de la controverse, autant la jouer jusqu'au bout!

"Enfin... ils commencent un peu à me manquer depuis le temps. J'ai l'habitude de les voir en permanence donc." Sur ces mots, Helene avait pris un ton de voix un peu plus calme et s'était mise à observer ses mains jouer machinalement avec le bas de sa veste. Son doux regard cuivré derrière le verre de ses lunettes contrastait vivement avec sa vivacité habituelle. "Mais merci à vous, le voyage est très agréable en aussi bonne compagnie!"

Son sourire habituellement joyeux et ses traits dynamiques n'avaient pas tardé à revenir se placer sur visage claire, comme s'ils faisaient parti intégrante de cette jeune femme. C'était mieux comme ça après tout. Aussi, lors de leur temps d'arrêt, Helene proposa de ne manger que des légumes ce midi et seulement du riz le soir afin d'économiser un peu de nourriture. Après tout, ils avaient encore pas mal de route à faire et il ne fallait pas risquer de tomber à cours de provision non plus! Ce ne serait pas beaucoup, mais quand même, le repos du midi devrait pouvoir au moins leur donner un petit bonus énergétique pour la suite de leur voyage. Aussi, à son tour, la jeune femme profita de ce moment pour faire parler un peu son agneau, lui demandant ses motivations à rejoindre la résistance et comment s'était déroulée la première partie de son voyage. Après tout, si elle devait voyager avec lui, elle tâcherait de le connaître le mieux possible. Et puis, ça servirait à se faire pardonner la suite du voyage...

En effet, lors que le soleil commença à descendre un peu et que le temps de marche se fit appeler, les deux jeunes gens se remirent sur les routes des fameuses terres libres dont elle avait tant entendu parler dans le confessionnal. La marche était légère et l'ambiance toujours aussi bonne qu'au départ, laissant encore une fois l'impression à cette prêtre que leur avancé se faisait plus rapidement qu'il ne lui semblait. Ce devait être l'effet d'être en aussi bonne compagnie.

"Bon... je propose qu'on s'arrête ici," fit-elle en s'arrêtant non loin d'un court d'eau. "On pourra profiter du feu pour faire bouillir un peu d'eau pour demain. Qu'en pensez-vous?"

C'était son idée, mais en même temps, ce n'était pas elle l'experte en voyage...

[En prévision de la soirée! 2 portions de riz en moins et deux gourdes d'eau maintenant pleines d'eau potable!]

[Et -2 en légumes pour moi pour le post d'avant!
Une chance que le voyage soit moins long que prévu XD]


Chris n'était pas sûr d'avoir tout suivi des réponses de plus en plus éludées de sa compagne de route. Ou, plus exactement, il se demandait un peu plus tous les jours sur quel genre de demoiselle il était tombé; pas que Helene lui ait été désagréable d'une quelconque manière, mais plus il apprenait à la connaitre, et plus il découvrait qu'il s'agissait en fait d'un drôle de personnage! De plus, elle résistait un peu à son charme de jeune naïf innocent mais tout attendrissant, ce n'était pas normal tout ça à son avis...

Mais le jeune Valentine ne s'en formalisa pas pour autant, au contraire tout ce voile de mystère autour de la jeune femme le rendait d'autant plus curieux de mieux la connaitre encore. Un bon point, non? Et puis, il restait encore assez de jours de voyage pour qu'il puisse la cuisiner un peu plus, interprétez comme vous le voulez! Mais en général, plus ça mijote, plus c'est bon...

Bref, revenons à nos moutons!

La seconde partie de la marche, celle de l'après-midi, fut tout aussi rythmée que la première, et plus détendue aussi malgré tout. Le duo était maintenant dans les frontières du territoire libre, aussi Chris ne craignait plus autant une attaque ou tout autre incartade qui aurait été dangereuse. Lorsqu'ils arrêtèrent de marcher, ce fut vers les 20h passées, et ils avaient alors atteint l'Arkansas; signe que leur progression était plus que bonne. Val' s'était attendue à ce qu'ils avancent moins vite que s'il avait voyagé tout seul, mais contre toute attente, leur judicieux rythme de voyage permettait d'aller tout aussi vite.

Si la journée de marche avait été l'occasion pour lui de raconter sa motivation à rejoindre la guilde des camelots, et dond d'une certaine manière la résistance, Chris était resté silencieux sur son passé trouble; il n'avait pas parlé de sa jeunesse, de sa famille perdue ou des actes qu'il avait commis pour arriver jusqu'à Springfield. Après tout, il ne connaissait pas encore assez bien Helene pour lui raconter sa biographie, et de plus, toujours dans l'optique de la séduire, raconter une histoire aussi sordide et triste aurait plutôt ruiné toute chance d'heureuse conclusion. Mieux valait garder cela pour plus tard ou pour jamais, ça, seul le temps nous le dirait.

Alors qu'il avait laissé volontairement Helene choisir le lieu de halte pour cette seconde soirée sur les routes, de façon à ce qu'elle ne se sente pas reléguée au second plan, il opina du chef à son idée de faire bouillir l'eau; pendant ce temps, il reproduit le même manège que la veille: partir chercher du petit bois pour le feu. Cette fois-ci, la tâche fut plus facile car les arbres étaient abondants, mais encore fallait-il trouver du bois mort pour une meilleure combustion. Ceci fait, le jeune aventurier s'occupa de préparer l'espace du bûcher avec quelques pierres, et s'occupa d'allumer enfin le feu, grillant une allumette de plus; il faudrait qu'il songe à en racheter à Little Rock.

Mine de rien, ce petit boulot l'avait mis en transpiration, sur le passage "transport de cailloux" en fait. Après avoir ôté un débardeur blanc littéralement détrempé, out autant que son cher bandana, Val' regarda Helene qui se tenait au bord de l'eau, remplissant les casseroles. Et une idée, très puérile, lui vint en tête. Ni une ni deux, il s'avança accroupi vers la jeune femme tandis qu'elle était penchée près de la rivière, puis arrivé à sa hauteur, la saisit par les épaules en criant joyeusement une bêtise du genre:

"L'heure du bain!!"

Bon, ce n'était pas encore minuit, mais bon! En tout cas, les deux jeunes gens se retrouvèrent à moitié dans l'eau, le lit de la rivière étant peu profond; et surtout, presque intégralement trempés après ce double plongeon!
Chris sentait venir les foudres (en tout cas, il s'y attendait un peu, Helene est une fille) de son binôme de voyage, mais il riait trop pour se formaliser de la réaction qu'aurait miss Dagenais. C'est comme ça qu'il aimait la vie, faite d'imprévus et de rigolades, que voulez-vous! Et tant pis si après cet acte, elle le prendrait pour un mec puéril et indélicat avec les demoiselles, c'était son trip et il l'avait exécuté, que ça plaise ou pas importait peu finalement. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse?


[-1 allumette, et +2 persos tout mouillés ]

Décidément, plus ça allait, plus Helene appréciait son compagnon de voyage. Elle ne le connaissait peut-être que depuis peu, mais le fait de passer ses journées entières avec ce jeune homme, sans la présence d'autrui, permettait de créer un lien plus rapidement. Et puis, il ne fallait pas oublier que cette prêtre était naturellement portée vers les autres, prenant tous et chacun inconsciemment sous son aile pour le temps qu'il le faudrait. Ainsi donc, se retrouver seule avec un seul et unique agneau la portait à apporter toute son attention - enfin, ce qui n'était pas déjà tourné vers leur périple - vers celui-ci. Et ce dernier était tant vivant qu'il lui semblait impossible de ne pas l'apprécier. En effet, déjà deux jours qu'ils étaient ensemble, et pas une seule fois Helene n'avait eu l'occasion de s'ennuyer. Des conversations plus soutenues jusqu'aux fous rires, passant par quelques instants de silence agréables, loin d'être troublant, tout faisait en sorte qu'elle remercie encore une fois le Seigneur, lorsque le jeune homme fut parti chercher de quoi faire un bon feu, d'avoir mis Chris sur sa route.

"L'heure du bain!!"

Un petit crie aigu vint couvrir en partie la phrase lancé par son compagnon de voyage alors que, sans trop comprendre sur le moment ce qui se passait, la prêtre finissait par s'étendre pratiquement de tout son long... dans la rivière! La jeune femme se redressa quelque peu, se retrouvant à quatre pattes dans l'eau, cherchant à tentons ses lunettes tombées dans l'eau. Ce n'est qu'après les avoir finalement reposées sur son nez et écarté quelques mèches rouges de son visage, Helene se retourna vers Chris, étouffant un fou rire et démontrant un large sourire. Bon d'accord, elle ne voyait en fait qu'une silhouette un peu flou de son agneau, considérant que ses lunettes étaient encore trempées et légèrement embuées, mais cela importait assez peu pour ce qu'elle avait en tête. Bon, d'accord, il était déjà dans l'eau, mais bon, cela n'empêchait pas que...

"Tu ne crois pas si bien dire mon agneau!!!"

Sur ces mots, malgré sa faible constitution et sa petite taille, Helene poussa simplement son compagnon de voyage à la renverse, s'assurant qu'il ait pris "un bon bain" pour reprendre son expression. Enfin, après encore un moment pendant lequel la jeune prêtre se permis de s'amuser un peu dans l'eau avec son compagnon de voyage, elle finit par sortir de la rivière et se relever. Si au départ ils n'étaient pas encore entièrement trempés... maintenant, il aurait été difficile de croire le contraire. Aussi, après avoir tordu ses cheveux rouges et tentée d'essuyer au mieux ses lunettes avec le bas de son chandail encore trempé, elle se retourna vers Chris en prenant son sac sur une épaule.

"Bon, reste là sagement un instant tu veux bien!"

Cette petite demande, ponctuée d'une intonation tout simplement amusée et d'un index sur le nez de Chris comme pour l'inciter à rester sur place, était nettement plus près de l'affirmative que la demande. Aussi, sur cette lancée, Helene s'éloigna entres les arbres, puis, lorsqu'elle jugea être assez loin pour ne pas être vu du jeune homme, elle changea de vêtements, par simple logique. Elle ne tarda d'ailleurs pas à revenir retrouver son petit agneau immature pour préparer le repas et se remettre à purifier leur eau. Il fallait avouer qu'à présent, la prêtre avait l'air nettement plus calme qu'auparavant, voir même détendue. Elle se sentait en paix, légère comme l'air et confiante malgré la pénombre pouvant difficilement être plus sombre. À cet instant, elle abordait son habituel expression bienfaisante qui avait su faire en sorte que sa présence soit si réconfortante pour ses paroissiens. Bien qu'ici, il y avait beaucoup plus à parier qu'il soit question de son instinct maternel un peu trop poussé qui avait repris le dessus de sa personne pendant un court moment.

Enfin, un peu plus tard dans la soirée, alors que la fatigue commençait à la gagner (parce que, comme déjà mentionné, elle n'était pas habitué à ce genre de journée), Helene sortie son sac de couchage et souhaita une bonne nuit à Chris, hésitant à officialiser son nouveau surnom. Bon d'accord, à ses yeux, tout le monde étaient des agneaux, mais c'était sans doute la première fois qu'elle attribuait réellement ce qualificatif à quelqu'un. Enfin, elle verrait plus tard, car pour l'instant, il était temps de terminer cette soirée de la même manière que d'habitude, puis d'aller se lover confortablement dans les bras du sommeil qui n'attendait plus qu'elle s'y abandonne.

La soirée du second jour de voyage avait été placée tout naturellement sous le signe e la détente et de la rigolade bon enfant, comme cela avait commencé avec la farce de Chris dans la rivière. Le jeune homme se félicitait d'avoir pu faire diminuer encore d'un cran, à son avis, la petite barrière qu'il pouvait y avoir entre Helene et lui. La preuve, elle l'avait tutoyé pour la première fois, et lui avait donné un surnom (certes ridicules, mais venant d'elle, pourquoi s'étonner??). Après cette soirée, il avait le sentiment qu'une réelle complicité était en train de naître entre eux deux, et cela ne pouvait que le ravir, pensez-vous!

Ainsi il s'endormit, bien plus béat que d'habitude, et la lune elle-même dut se demander ce que signifiait ce sourire niais et idiot sur les lèvres du beau, au bois dormant...

Matin du 3ème jour de voyage; si les oiseaux chantaient autant que d'habitude, le ciel était un peu plus ennuagé que la veille; ce qui signifierait que la journée serait moins chaude que les 2 derniers jours, question température extérieure seulement! Il ne faut jurer de rien...

Chris bailla longuement en étirant ses bras, du haut de son hamac (cette fois-ci, la végétation avait permis de l'installer! Et tant mieux, car qui dit endroit près d'une source d'eau, dit insectes en abondance). Après avoir vérifié que Helene dormait toujours (il a été plus matinal que la veille disons!), Chris se dit qu'un petit plouf matinal l'aiderait à mieux se réveiller. Ni une ni deux, il se désapa intégralement avant de partir en courant vers la rivière... Et plouf... Need more explaination?

Le truc, c'est que, quand Valentine a un truc en tête, il ne réfléchit pas toujours assez à la suite de ses idées, il pense d'abord au truc important en oubliant facilement les détails. Ici: comment retourner au bivouac, nu comme un vers, sans tomber sur Helene qui se serait sans doute éveillée entretemps? Le jeune homme regarda l'objet de la controverse, et conclut:

"Mouais... C'est vrai que j'aurai pu y penser... Enfin, maintenant que c'est fait, c'est fait..."

Bref, en deux mots: camouflage improvisé! Le problème étant de trouver un truc assez grand (pardon de le dire) pour camoufler l'essentiel. Et pas de feuille de bananier en vue (des bananes dans l'Arkansas, ça serait la meilleure tiens)! Pas de feuille de vigne non-plus (pas mieux), bref, c'était pas gagné, et finalement, il opta pour plusieurs feuilles d'arbre dont il se confectionna une espèce de bouquet assez grand pour dissimuler l'objet du délit. Et il retourna vers le bivouac, espérant l'inespéré: qu'elle dorme encore où qu'elle soit allée faire un tour.

A pas de loups, se cachant derrière les arbres proche du lieu du camp improvisé, il observa mais ne vit rien. Ni une ni deux, Chris sortit de sa cachette, les fesses à l'air, et se précipita sur ses affaires pour attraper au moins un caleçon avant que Helene ne tombe sur son séant!

Il fallait croire que le rythme des jours précédents s'était fait sentir un peu plus qu'Helene ne l'aurait crue. En effet, lorsque cette dernière s'éveilla, elle trouva non pas Chris endormis non loin de l'endroit où elle était, mais bien un hamac délaissé. Intriguée, la jeune prêtre s'extirpa de son sac de couchage et commença à s'approcher de la rivière, jusqu'à reconnaître une pièce de vêtement connu sur le sol. En voyant la suite dans les parages, elle se contenta de sourire et profiter de l'occasion pour se changer rapidement tout en faisant un brin de toilette tout aussi bref. Puis, fidèle à ses habitudes et à cette parcelle de convenance qu'elle possédait encore, la jeune femme s'agenouilla et joint les mains ensembles, prête à réciter sa première prière de la journée et à demander, une nouvelle fois, au Seigneur d'aider son compatriote ecclésiastique à veiller sur sa communauté chrétienne. Elle lui pria d'apporter la paix aux âmes en ayant le plus besoin, puis d'éclairer ses pas dans la bonne direction.

"...Et faites que ce cher Chris garde la force nécessaire à avancer dans la voie qu'il compte suivre... ou tout du moins qu'il puisse être assez rapide pour s'habiller avant que je n'ouvre l'œil... puisque..."

Habituellement, jamais Helene ne s'adressait au Seigneur, lorsqu'il s'agissait d'une prière plus personnelle, à haute voix, mais l'approche de son compagnon de voyage s'étant fait entendre, elle n'avait pu résister à lui communiquer cette "information" avec un sourire aux coins des lèvres. Puis, elle s'était contenté d'abaisser la voix jusqu'à ce que celle-ci ne se fasse plus entendre, afin de continuer tranquillement sa prière. Oh bien sûr, elle en avait encore pour un petit moment, puisque cette prêtre avait pris pour habitude de réciter ses quelques prières plus "traditionnelles" en commençant et en terminant rituel matinal, l'ordre allant en lien avec son humeur du jour. Enfin, lorsqu'elle ouvrit enfin les yeux, il y avait beaucoup à parier que son agneau soit de nouveau vêtu. Le contraire signifierait, après tout, qu'il avait fait exprès de prendre bien son temps pour que la prêtre porte de nouveau attention à ses abdominaux ou autres parts de son anatomie. Et oui, prêtre ou pas, Helene reste une jeune humaine de dix-neuf années avec des lunettes pour l'aider à voir! Toutefois, ne vous y méprenez pas, elle reste prêtre avant tout et son rôle, face aux autres, resterait toujours de les guider sur leur voie.

"L'eau était aussi bonne qu'hier Chris?"

La voix de Dagenais était quelque peu plus douce qu'à l'habitude, elle avait même un petit quelque chose de maternelle, d'apaisant... Son regard aussi était plus doux, de même que son sourire qui n'était pas encore aussi indéchiffrable qu'à l'habitude. Ne cherchez pas, elle venait tout juste de finir de s'adresser au Père, il était normal qu'elle se retrouve momentanément dans une humeur plus "sainte" disons, ou alors plus en accord avec son titre. Après tout, même étant fière de sa controverse au cœur de l'Église et de la réforme de l'église anglicane qu'elle représentait si bien, Helene Dagenais restait tout de même prêtre d'un petit village de Pennsylvanie. Il restait maintenant seulement à voir si le tempérament soudainement plus doux de la jeune femme intriguerait Chris, ou bien si celui-ci préférerait ne rien en dire et observer ce "retour à la normal" arrivant graduellement jusqu'à leur départ.

Chris entendit le morceau de prière qui lui était consacré, et conséquemment, remercia intérieurement Helene de l'attention; et en profita pour se rhabiller un peu! D'un côté, il apprécia évidemment l'attention, mais d'un autre... A bien y réfléchir, il aurait peut-être encore plus apprécié qu'elle le surprenne en tenue d'Adam! Mais bon, puisqu'elle avait décidé de rester aussi sage qu'elle l'avait été jusque là... Patience, il reste encore 2 jours de voyage!

Lorsque Helene se retourna donc, Val' avait revêtu caleçon, pantalon, chaussettes et bottes de marche, et terminait par le débardeur (c'est un fana de débardeurs, et je trouve que l'occasion est bonne de le préciser!). Au moins, il pouvait se consoler en songeant qu'il aurait au moins offert cette petite vision de lui à sa compagne de route, à défaut d'un peu plus pour le moment. Petite note d'esprit, alors qu'elle venait de conclure sa prière, Chris prononça le mot de la fin:

"Amen!"

Sur un ton joyeux, pas bien insolent ni impie, et qui espérons-le, ne choquerait point la femme d'église ici présente!

Bref, comme à l'habitude qu'ils s'étaient faite, ils rangèrent rapidement leur barda, s'orientèrent puis chargèrent les sacs et repartirent en route. Comme il faisait moins chaud que la veille, ils pouvait progresser plus lentement et faire des pauses courtes.

D'ailleurs, parlant de pauses, Chris avait songé à obliquer légèrement plein sud pour finir la journée de marche à Liberty Hill; ce qui leur permettrait de se ravitailler si besoin, et éventuellement de dormir à l'auberge locale, pour une fois. Il fit part de cette possibilité à Helene, afin que la décision de s'y arrêter soit prise ou refusée d'un commun accord, sachant que ça ne rallongerait pas leur trajet d'origine.

Cependant, un élément indépendant de leur volonté aiderait peut-être à prendre cette décision: à la fin de l'après-midi, les lourds nuages qui encombraient le ciel se frictionnèrent, formant un début de pluie fine estivale.

"Mouais... Effectivement, il vaudrait peut-être mieux dormir sous un toit, cette nuit."

Conclut Chris, qui n'était pas du tout emballé à l'idée de dormir dehors avec une averse menaçant de l'enrhumer!




[-2 repas de légumes pour le midi;
Je te laisse voir dans ton prochain post si on va à l'auberge de Liberty Hill, mais ça a l'air que oui ^o^ Je paye XD]

Il ne fallu pas bien longtemps à Helene pour reprendre son habituelle énergie, bien qu'encore, d'une certaine manière, en ce jour, on pu la dire plus calme qu'à l'habitude. Ce devait être l'effet d'être si longtemps hors de ses fonctions ou bien l'approche de la destination qui lui remettait en tête ses fonctions plus ecclésiastique. Son église commençait à lui manquer de plus en plus et ce vide créée par son éloignement commençait à être de plus en plus difficile à combler. On pouvait la sentir préoccuper, sa voix ne portait plus se naturel trop plein d'énergie et ses yeux semblaient posés sur une réalité lointaine. Elle ne manqua pas, même, au cours d'un temps de silence plus long qu'elle n'avait l'habitude d'entretenir, de tenter d'imaginer ce qu'il advenait présentement de sa paroisse. Sa voix devenait de plus en plus posée à mesure que la journée avançait, allant presque de pair avec le ciel qui commençait à s'assombrir. Pourtant, il semblait à cette prêtre qu'elle pouvait sentir sur son dos les rayons ensoleillés du ciel de Pennsylvanie et entendre l'écho de son village.

Le midi, contre toute attente, son inquiétude monta tant bien qu'elle ne pu même s'empêcher de fermer les yeux et de joindre les mains, d'une humeur nettement moins sereine. Et elle resta ainsi longtemps, récitant ses prières plus classiques puis demandant une fois de plus au Seigneur de veiller sur ses paroissiens, prenant soin de nommer chacun de leur nom, puis allant même jusqu'à l'implorer son aide pour qu'elle puisse faire le voyage à temps pour qu'elle puisse revenir à l'église avant que quelque chose de trop grave n'arrive. Enfin, lorsqu'elle ouvrit l'œil de nouveau, Dagenais semblait plus calme, déjà moins anxieuse, mais remettre tout ce qu'elle possédait entre les mains du Tout Puissant la faisait se sentir impuissante.

"Liberty Hill hein... je ne sais pas. Je n'ai pas beaucoup d'argent et ce que j'ai, je préfère le consacrer entièrement à mon église. Et puis, même si ça ne nous rallonge pas de beaucoup, j'aimerais arriver le plus tôt possible, je dois retourner en Pennsylvanie après..."

Même si son agneau lui proposait de payer, il n'y avait rien à faire: Helene était tout sauf à l'aise avec cette idée. Elle aurait eu l'impression de profiter de Chris si elle le laissait payer une nuit sous un bon toit. Et puis, elle n'avait pas non plus oublié qu'elle possédait une tente, elle ne manqua donc pas de proposer de l'utiliser. C'était une solution certes moins confortable, mais certainement beaucoup plus économique que de dormir à l'auberge. Sur ce point, Chris découvrirait bien vite que, bien qu'étant prêtre, lorsqu'elle avait une idée en tête, elle tenait son bout! Enfin, la pluie commençait déjà à tomber doucement, Helene observa le ciel d'un air songeur. Pour vu que tout ce passe bien dans son petit coin de pays...

Valentine a le nez pour pas mal de choses. Il sent venir les ennuis, mais il sent aussi des choses beaucoup plus simples, exemple: il sent quand quelqu'un est mélancolique.

Évidemment, je fais allusion à ce 3ème jour de voyage, où Chris sentit très bien que Helene n'était pas dans son assiette. Contrairement aux jours précédents la jeune femme était bien moins légère, et la bonne humeur qu'elle avait montré jusque là avait laissé place à une sorte de tension, d'inquiétude. Après l'avoir cuisiné un peu sur le sujet, elle lui reparla de sa communauté et de sa Pennsylvanie natale. Aussitôt, Val' conclut qu'elle avait le mal du pays, et se montra d'autant plus compréhensif. Quand bien même il ignorait quel était exactement la nature de ce sentiment, il pouvait apparenter cela à de la nostalgie, sentiment qu'il connaissait déjà beaucoup mieux.

De son côté, il avait quitté sa Californie natale il y avait un paquet de temps, et rien ne lui aurait donné l'envie d'y retourner. Rien ne lui manquait de cet endroit qui l'avait vu naître. Cependant, le jeune homme était nostalgique de cette époque où il y avait vécu, avec sa famille au complet. Mais avec ce qui s'était passé...

Décidant de prendre sur lui, et de profiter de ce moment de mélancolie pour essayer de consoler Helene, il lui raconta un petit bout de sa vie.

"Tu sais pourquoi j'ai quitté la Californie? Pourquoi je veux devenir un rebelle, en fait... Quand j'étais adolescent, mes parents et ma petite sœur de 4 ans ont été..."
Le mot ne sortit jamais de sa bouche; mais sa difficulté à le prononcer suffirait certainement à donner le même sens à ce silence.
"Mais, pas par des Traqueurs, comme ça arrive souvent; par des collabos... J'ai fait quelque chose de mal ensuite, j'ai vengé ma famille, et recouvert mes mains du sang de ces meurtriers. Et puis, j'ai fui vers l'est. Plus tard, j'ai été recueillie par une femme, quelqu'un de bon, dans l'Arizona. Elle s'occupe d'orphelins. Et puis, j'ai grandi, j'ai fini de me construire, et j'en suis là, avec toi, en route vers une partie de moi-même."

Laissant un silence s'installer avant la conclusion de son récit, Chris se demanda un court instant si cette voie était la bonne. Et il conclut:

"Ce que je voulais dire c'est que... Aussi loin que l'on puisse être de chez soi, on garde en nous une partie des gens qui nous attendent, qu'ils soient ici-bas ou dans l'éternité..."

Et voila.

Après s'être confié de la sorte, ce fut au tour de Val' d'éprouver une sorte de vide intérieur. A bien y réfléchir, c'était seulement la seconde fois qu'il racontait son histoire en entier, la première avait été quand cette femme de l'Arizona l'avait pris sous son aile. a l'époque, il avait craqué et beaucoup pleuré, mais maintenant, il n'avait plus de larmes à verser, le temps de se lamenter était passé. Mais le vide demeurait.

Autant dire que l'ambiance de cette après-midi de voyage s'en ressentit, puisque la gaieté habituelle du duo ne fut pas au rendez-vous. Et puis, la météo avait aussi décidé de venir plomber l'ambiance à coups d'éclairs lointains, puis de pluie. Génial.

Et pour couronner le tout, Helene refusait de se laisser inviter dans une auberge; Chris, qui avait un peu reprit du poil de la bête après son coup de "down", essaya de la convaincre, mais il constata qu'il était tombé sur plus têtue que lui. Helene proposa de monter la tente, et il finit par accepter.

Le temps de monter la tente, bien sûr, le jeune homme se retrouva humide de la tête aux pieds, et c'est avec un soulagement certain qu'il s'installa aux côtés de Helene dans la tente fraîchement montée.

"C'est pas un bon jour, aujourd'hui. Mais comme on dit chez moi: demain sera meilleur!"

Il leva les yeux au ciel, s'empêcha de prononcer un nouvel Amen, et commença à enlever ses habits détrempés, alors que, il le parierait, Helene se serait probablement détournée.

"Désolé de t'imposer ma... (il commença à sourire d'un air "j'ai une connerie en tête") Mais pourquoi je m'excuse, d'abord? C'est toi qui a refusé ma proposition, alors tu devras subir de dormir à côté d'un rustre, ma chère!"

Évidemment, il conclut l'affirmation par la connerie qui devait arriver: il lança (doucement, tout de même) son débardeur mouillé sur Helene, avec un air de défi dans les yeux. S'en suivit un "Roh, ça va, j'm'excuse!" ponctué d'une bise sonore sur la joue de la jeune fille.

Au moins, il essaye de rattraper la soirée?

Helene n'ajouta rien au témoignage de Chris, tout simplement parce qu'il n'y avait rien à dire. Des histoires du genre, elle en avait entendu beaucoup, bien que chacune d'elles restaient aussi unique que les êtres les ayant vécu. Toutefois, comme pour l'instant cela aurait été nettement moins approprié que dans son église, elle ne put faire comme à son habitude et garder un silence afin de prier avec celui ou celle venant de raconter son histoire. C'est donc pourquoi, ici, Helene se contenta de poser une main sur le bras de son agneau (parce que son épaule était tout de même un peu haute pour elle et que c'était plus naturel ainsi) dans le silence, se promettant d'accorder pour cette famille une prière de plus ce soir.

Aussi dans cette histoire, un point ne pouvait l'empêcher de la déranger... Des collabos... elle ne pouvait s'empêcher de penser à ces quelques familles rangés de ce côté au cœur de son village, ces gens qu'elle appréciait malgré tout, mais avec qui il était parfois plus difficile d'interagir pour les autres. Elle se souvenait encore, lors de ses premiers temps, leur avoir posé la même question qu'à tous: "Croyez-vous que vous faites le bien?" Ceux-ci ayant été en mesure de lui répondre oui, Dagenais ne pouvait qu'approuver leur choix, tout autant que celui de ce jeune homme étant passé par son église quelques temps plus tôt et étant en route pour les terres libres afin de rejoindre la résistance. C'était un bain de sang en devenir, un bain de sang pour deux idéologies cherchant à préserver le bien et un certain équilibre. Sa position sur le sujet en devenait de plus en plus difficile à prendre, heureusement pour elle, son seul souhait était de protéger son église et tout ceux s'y réfugiant (comptant ainsi tout membres de sa communauté chrétienne). Inutile de dire que cette idée occupa la prêtre pour le reste de la journée.

"C'est pas un bon jour, aujourd'hui. Mais comme on dit chez moi: demain sera meilleur!"

Ce n'est que le soir venu, une fois dans la tente, qu'Helene se décida enfin à aborder de nouveau le sujet avec Chris. Aujourd'hui, elle se sentait nettement plus dans ses fonctions de prêtre, loin de l'insouciance qu'elle s'était permise les jours précédents. Aussi, elle prit bien soin d'attendre, parce qu'elle garde tout de même une certaine pudeur je vous le rappelle, que son agneau se soit changé avant de se retourner. Bon d'accord, cette idée lui valu un débardeur sur l'épaule, la forçant à se retourner légèrement, juste assez pour lancer au jeune homme un regard se voulant tout aussi défiant.

"Roh, ça va, j'm'excuse!"

Suite à l'embrassade de Chris, la prêtre ne put s'empêcher de poser ses doigts fins sur la joue du jeune homme alors qu'elle éloignait quelque peu sa tête. Son regard était nettement trop sérieux, trop mature pour réellement appartenir à la même personne avec qui il avait fait le voyage. Aussi, la jeune femme s'installa face à son agneau, croisant les jambes et faisant glisser quelques mèches de cheveux rouges derrière son oreille. Elle ne fit que réajuster légèrement ses lunettes au passage avant de reposer toute son attention sur le jeune homme, attention qui n'était pas prête d'aller ailleurs pour le moment. Pour peu, elle se serait senti dans sa propre église, installé sur l'un des bancs de bois et réchauffé par la lumière bienfaisante des chandelles. Elle s'y sentait, elle était chez-elle, dans son église et Chris y était aussi.

"Je t'en pris, sois un peu sérieux pour l'instant... j'aimerais te poser une question."

Elle avait l'air quelque peu plus sombre, bien que ses yeux semblaient avoir retrouvés toute leur brillance. On y lisait cette même préoccupation qu'elle avait pour ses paroissiens, ce même petit quelque chose n'étant rien de plus que ce trop fort instinct maternel qui était sien. Aussi, histoire de canaliser l'attention du jeune homme et aussi, par le fait même, de partager un peu de sa chaleur, de son énergie, elle vint chercher ses mains, les prenant doucement entre les siennes.

"Si je te le demande, ce n'est pas seulement entant que prêtre, mais bien parce que je t'apprécie Chris..." Elle reposa leurs mains au sol, près d'elle, continuant de plonger son regard cuivré trop tendre et trop préoccupé dans la rivière bleuté des yeux du jeune homme. "Crois-tu que tu fais le bien...?"

S'il le fallait, elle lui expliquerait plus en détail sa question. Elle lui demanderait s'il croyait avoir choisi le bon chemin, ce que cette décision apporterait autour de lui. Elle lui demanderait si ses choix lui permettaient ou lui avaient permis de se repentir de ses erreurs, s'il croyait que les gens veillant sur lui en seraient fiers. Et de sa réponse en découlerait les prochaines paroles d'Helene Dagenais, autant entant que prêtre qu'entant que compagnon de voyage s'étant attaché un peu trop rapidement.

"Je t'en pris, sois un peu sérieux pour l'instant... j'aimerais te poser une question."

Allons bon. Chris s'évertuait à laisser place à un peu de légèreté, mais il semblerait que Helene ait décidé d'installer une toute autre ambiance, sous la tente.

En fait, il était un peu, comment dire... Perturbé par les changements rapides d'humeur de la jeune femme, et avait ce sentiment frustrant de ne pas arriver à la suivre. Cependant, docile, il chassa toute trace d'amusement de son visage et s'efforça de se concentrer sur la question qui allait donc venir. Concentration qui fut troublée par le contact des mains, de la peau toute douce de Helene. Tout à coup, il songea qu'elle allait lui demander de sortir avec elle, idée qui effleura réellement l'esprit de Val'; bah, les filles prennent toujours cet air sérieux quand elles font ce genre d'annonce.

Mais plus concrètement, il s'attendait à à peu près tout, sauf à:

"Si je te le demande, ce n'est pas seulement en tant que prêtre, mais bien parce que je t'apprécie Chris... Crois-tu que tu fais le bien...?"

Chris eut alors une sorte d'arrêt sur image, ou de bug informatique, son cerveau planta et il dut redémarrer le système. Nan, sérieusement, la mine d'étonnement qu'il dut avoir collée au visage serait éloquente. Helene, prêtre?

Après le moment d'étonnement, il se dit que ça expliquerait pas mal de choses, notamment toutes ces prières exécutées avec une assiduité extrême, du matin au soir, et ces allusions à sa paroisse. Mais pour le coup, Valentine était quand même étonné. Et surtout, il se disait qu'il essayait de draguer une prêtre, depuis le départ? Alala, elle avait bien caché son jeu, une vraie joueuse de poker cette petite!

Quant à la question, déception... Il ne s'agissait pas d'une demande de fiançailles. Quoique Chris n'aurait pas su donner une réponse catégorique à ce genre de proposition, car c'est un personnage qui aime bien prendre le temps de la réflexion, surtout pour ce genre de décisions. Bref... La question était néanmoins profonde et réfléchie, et sans doute que, vu l'air hyper-sérieux et grave de Helene, il valait mieux qu'il réfléchisse à 2 fois avant d'ouvrir la bouche et de sortir une énième bêtise.

Après s'être un moment trituré les poils de sa barbe au menton (signe de réflexion chez ce jeune homme), il commença:

"Difficile à dire... Tout dépend du point de vue, je suppose; pour nous qui avons un esprit de rébellion, nous avons le sentiment que repousser l'envahisseur et ceux qui leur prêtent allégeance, c'est le bien. D'un autre côté, les collabos défendent leur intérêt individuel et sans doute aussi leurs proches, contre les résistants qui représentent le mal, de leur côté. Chacun des camps est persuadé que ce qu'il fait est juste, mais qui peut dire qui a raison et qui a tort?"

Il se retint d'ajouter: sûrement Dieu, mais il avait envie de laisser de côté la religion, pour le moment. Aller trop avant sur le sujet risquerait de froisser Helene, et maintenant qu'il connaissait son métier, aucune chance qu'il ne s'avance sur ce terrain glissant.

"D'un point de vue plus personnel... Je ne peux pas dire maintenant si ce que je fais est la meilleure chose à faire. Je n'ai pas assez de distance pour le dire, je crois. En revanche, j'ai le sentiment d'être en accord avec mes convictions en me dirigeant vers la résistance. Tu connais mon histoire, alors tu dois pouvoir comprendre pourquoi je prend ce chemin. Et je ne regrette pas de l'avoir pris. Si je ne l'avais pas pris, je ne t'aurai jamais rencontré... C'est une assez bonne raison pour dire que "c'est bien", non?"

Un fin sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Il n'était pas du tout certain d'avoir bien répondu à la question, mais il savait qu'il ne pourrait faire mieux pour le moment; autant en rester là, sur une note plus positive, avant de plonger dans un sommeil mérité...

Mais... Chris hésita. Il avait une féroce envie de donner la conclusion à sa dernière réplique, en embrassant Helene. Et il dut lutter contre cette partie bestiale et instinctive de lui-même, notamment à cause de ce qu'il avait appris plus tôt. Elle était dans les ordres, peut-être pas contre l'idée d'un rapprochement plus poussé, mais si c'était le cas, ça serait à elle de faire un pas. Lui ne pouvait se le permettre après cette révélation. Cependant, l'hésitation que Val' marqua, et le trouble de son regard azuré suffirait peut-être à l'instinct féminin très poussé de la jeune femme pour comprendre ce qu'il avait eu en tête à ce moment précis. Avant que cet instant ne s'évapore dans le temps qui est déjà en train de filer entre leurs doigts.

Un petit sourire plus tard, moins expressif mais peut-être plus simple, il déplia son hamac et commença à préparer sa couche pour cette nuit. Sans ajout de la part de Helene, il lui souhaiterait une bonne nuit et mettrait plus de temps que d'habitude à s'endormir, après ces quelques intenses minutes passées entre 4 yeux. Dans le cas contraire... Bin, Helene dirait ou ferait ce qui lui semblerait approprié, et si cela en valait la chandelle, il repousserait un peu le moment de s'endormir.