Liberty Hill > Harrison

Dès la sortie de l'église, Tao n'avait pas perdu de temps. Il s'était arrêté à quelques mètres de la porte de l'église et avait ouvert son sac. Il prit bien le temps de s'équiper avant de partir à l'aventure, ouvrant son sac et en en sortant sa ceinture qu'il fixa solidement à sa taille.

Se saisissant de ses deux Glock 34, il se mit à les nettoyer consciencieusement avant de les glisser, prêt à l'emploi dans son dos, retenus par la ceinture. Heureusement, il avait prit assez de munition pour exterminer un bon nombre de mécréants et il n'aurait probablement pas à s'en servir pour cette mission, cependant, il lui fallait être prudent.

Il vérifia ses affaires, le peu de nourriture et les quelques outils qu'il possédait avant d'empoigner sa bible et partir en direction du "grand rien", faisant route vers Harrison. Ce village ne donnait plus beaucoup de nouvelles selon le Père Matthews. Sans doute rien de très inquiétant, pensa Tao sur le moment. D'après ce qu'il avait compris, les villageois des coins reculés étaient particulièrement fiers de leur situation et leur "indépendance" vis à vis des grosses cités, d'où le manque de renseignements ou de nouvelles de leur part.

Heureusement pour lui, Harrison n'était pas des plus éloignée et s'est ainsi que Tao se mit en route, seul, calme et pacifique alors que les premiers rayons de l'aube balayaient un paysage lunaire. Il devrait y être pour le crépuscule ... normalement ...

Messages : 235 Date d'inscription : 13/05/2010

A l'intérieur des frontières invisibles du territoire libre, aller d'une ville à l'autre demeurait peu risqué; les patrouilles organisées par les soldats rebelles contribuaient à sécuriser le périmètre et les habitants par la même occasion.

Cependant, Harrison était situé en bordure du territoire libre, et constituait un poste avancé pour l'armée, qui pouvait alors surveiller les mouvements des collabos dans le secteur.

Jadis une petite ville à l'économie florissante, Harrison était redevenue un village de fermiers, comme à la belle époque du far-west. Le village était constitué de maisonnettes positionnées en cercle, au contre duquel se trouvait une sorte de place centrale de petite envergure. Les terres cultivées étaient plus loin, entourant cet îlot de civilisation presque perdue.

A l'heure d'arrivée de Tao, soit en fin de journée, le village était animé, du fait que les gens des champs revenaient à la maison après une dure journée de labeur; Sur cette place centrale, quelques hommes et femmes étaient assis sur des bancs de bois brut et sirotaient quelque boisson locale; Les gens ne paraissaient aucunement hostiles, mais en tout cas fatigués par le travail accompli.

Une journée harassante de voyage à travers un désert aride. Au cours de son trajet, Tao n'avait croisé personne ... enfin si ... deux ou trois patrouilles qui n'avaient pas semblé surpris de voir le Frère déambuler ainsi, seul, au beau milieu du désert. Sa Bible à la main, il marchait d'un pas assuré plein nord vers la petite communauté d'Harrison.

Il avait bien géré son temps et c'est en fin de journée qu'il arriva aux portes de la bien charmante bourgade. Au cours de ses pérégrinations, Tao avait prit la coutume d'amener sans cesse avec lui son vieux baladeur qu'il fallait chaque semaine réapprovisionner en énergie. Ces instruments là étaient rares ... lui, il avait trouvé le sien auprès d'un mourant, à qui il était venu, trois années plus tôt, accorder les derniers sacrements. Depuis, il avait découvert des univers merveilleux, teinté de liberté, du "Made in USA" d'antan.

Il ne put que sourire quand, en arrivant au centre de cet endroit calme et reposant, baigné par la lumière du soir, un vent chaud et poussiéreux baignant son visage, son baladeur s'activa en le gratifiant d'une de ces musiques, dont il connaissait à l'instar de sa bible, chaque parole ...

Après un petit moment a dandiner du bassin, il s'avança vers un groupe de fermiers qui restaient là. Ces derniers, dégoulinant de sueur et recouverts de poussières taillaient le bout de gras autour d'une bière fraiche. Il leur sourit, s'incrustant à la conversation et en profitant d'un silence, il leur glissa :

"Bonsoir à vous, braves et fiers habitants d'Harisson ..."

Il attendit d'avoir capté leur attention à tous avant de poursuivre :

"Je suis le Frère Tao de la Mission Chrétienne ... Pourrais je parler au chef ou régent de votre communauté, je vous prie ?"

Messages : 235 Date d'inscription : 13/05/2010

"Ah, l'un des envoyés du ciel! Cela faisait un bout de temps!"

exprima un homme qui s'approchait de l'attroupement depuis l'une des maisonnettes. Un bonhomme de bonne taille et au ventre admirable, dont la mine semblait synonyme de bonne humeur.

"Je suis le maire, si on peut encore dire ça comme ça. Soyez le bienvenue à Harrison, ou ce qu'il en reste, mon père. C'est la première fois que je vous rencontre, vous devez être un nouveau? D'habitude, c'est le père Olsen qui venait nous voir, mais j'ai entendu dire qu'il ne vivait plus dans la région. Enfin bref, je parle je parle... Vous boirez bien quelque chose, mon père? Notre bière est faite maison et est plutôt amère, mais nous vous en offrirons volontiers si vous voulez y goûter!"

Bon, au moins les habitants étaient accueillants. Toujours un bon point!

Tao était plutôt heureux de trouver cette oasis de bonheur et de jovialité au centre d'un desert vide et mortel. Il accepta avec bonheur l'invitation qui lui était proposée, se disant qu'Olsen avait du être bien triste de sa mutation. Il avait cependant prit soin de fouiller dans son sac pour en récupérer plusieurs feuilles de papier ainsi que son crayon afin de faire un compte rendu aussi détaillé que possible au père Mathews, mais visiblement, ces villageois disposaient de la terre et de la bonne humeur nécessaire a toute tentative de survie. Ces derniers disposaient bien plus que certains villages.

Il leur glissa :

"A mais volontier, volontier ... Nous avions une petite production artisanale au monastère ... peut être pourrions nous partager nos secrets de fabrication !"

Tao se mit à rire bêtement. A vrai dire, il se souvint de ces soirées passées à picoler en cachette, de sa gueule de bois du lendemain et des heures passées à genoux à briquer le hall du réfectoire avec une brosse à dent en guise de pénitence.
Au moins, désormais, il n'aurait pas à tout lustrer, il était invité ...

Suivant le petit groupe et s'installant à leurs côtés, il continua :

"Vous devez savoir pourquoi je suis là ... non?"

Messages : 235 Date d'inscription : 13/05/2010

L'un des villageois-fermiers tendit un gobelet rempli d'une boisson à la couleur ocre, sûrement cette bière dont il était question. Effectivement, c'était loin de valoir une bonne vieille Kro' d'autrefois, mais à choisir entre ça ou de l'eau...

"Oui, vous venez recenser nos besoins en produits de première nécessité. Et bien, comme vous le voyez, on s'en sort pas trop mal pour ce qui est des vivres. Les récoltes ne sont pas mauvaises, on aura de quoi passer l'hiver tranquillement. Les vêtements, ça va aussi. Non, le seul vrai problème, c'est lorsqu'on a des malades; les médocs, c'est ça qui coince. Mais on sait bien qu'on n'en trouve plus beaucoup ces jours-ci. Enfin, c'est vrai que quelques tubes d'aspirine, du désinfectant, tout ça ne serait pas de trop."

Le même problème que dans tous les autres villages frontaliers, en fin de compte. Les habitants s'étaient habitué aux difficiles conditions de vie et à la rudesse des travaux des champs, du climat, etc. Mais les médicaments étaient toujours aussi difficiles à remplacer par des remèdes de grand-mère, lesquels avaient été oubliés il y a quelques générations.

Tao avala non sans déglutir la bière si gentiment offerte par ses hôtes. Certes, leur rince verre était bien loin de la production artisanale du monastère. Cependant, Tao aurait bien été peiné de ne pas pouvoir leur enseigner de meilleures pratiques, la brasserie n'ayant jamais fait partie de son instruction et Dieu savait qu'il aurait bien voulu. Non, lui avait assisté l'herboriste dans la préparation de potions et d'onguent.

Cependant, sa feuille de papier et son stylo à la main, il avait noté toutes les doléances des braves fermiers, secouant la tête à chacun de leur commentaires, compatissant devant leurs conditions de vie précaire.

Une fois que le maire en eut terminé, il se permit de lui répondre :

"Oui, je ne le sais que trop ... Les médicaments, même pour ce qui est des grosses villes sont vraiment difficiles à trouver aujourd'hui ... et en zone occupé, c'est encore pire à ce qu'on dit ..."

Il leur glissa alors :

"Heureusement qu'il nous reste les plantes ... et notre coin recelle pas mal de plantes utiles, qui bien préparées aident à la cautérisation, ou permettent de soigner les fièvres et certains maux ..."

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Le maire haussa les épaules:

"Bof, personnellement je n'y connais rien. Ma mère à l'époque, savait faire des miracles avec deux trois herbes folles, mais c'est le genre de savoir qui se perds facilement."

Combien il avait raison, le brave homme.

De conversation en conversation, la nuit tombait et les hommes quittaient peu à peu l'attroupement pour regagner les chaumières, et le maire invita Tao à passer la nuit chez lui.

"Vaut mieux que vous repartiez demain au petit matin, moins risqué que de voyager en nocturne. Les vampires du nord font parfois des descentes dans le coin, surtout en cette période estivale, et la nuit est leur moment de prédilection pour la chasse. Je vous offre un lit et un couvert, après tout vous et la mission vous faites tant pour nous autres."

Alors, une nuit chez l'habitant ou un départ illico pour le chemin du retour?

Tao acquiesça une nouvelle fois au commentaire de l'homme avant de porter son regard sur l'horizon. En effet, la nuit tombait et il n'avait rien pris de particulier avec lui pour une nuit en plein désert. Lorsque le maire lui fit une telle proposition, il sourit, une main guidée contre sa nuque, timide.

Il savait que ces gens n'avaient rien ou pas grand chose et pourtant, ils l'accueillait sans aucune réserve. Cela mettait un peu Tao mal à l'aise, il fallait l'avouer. Peut être si les environs n'étaient pas si dangereux, il aurait préféré repousser l'invitation, mais cependant, il devrait pour une fois accepter l'hospitalité du maire.

Il se tourna de nouveau vers lui et lui offrit un grand sourire :

"Eh bien, c'est avec joie que j'accepte votre invitation Monsieur le Maire ... Je ne prend pas bien beaucoup de place et hormis quelques psaumes prononcés au couché, vous ne m'entendrez pas !"

Il suivit alors le petit attroupement jusqu'aux chaumières et entra dans celle que le Maire lui avait indiqué, plutôt disposé à se reposer après une longue journée de marche...

Messages : 235 Date d'inscription : 13/05/2010

Le maire installa Tao dans la chambrette de son fils, lequel l'avait laissée vide pour aller travailler à Little Rock. Un lit, quelques petits meubles, un confort très dépouillé mais somme toute appréciable.

Le repas fut constitué d'une volaille et de quelques pommes de terres bouillies, là encore ce n'était pas le repas du siècle mais à défaut d'être succulent, cela remplissait le ventre, et surtout c'était généreusement offert.

La nuit passa enfin comme une lettre à la poste, et le matin ne tarda pas.

Tao poussa un long baillement ce matin là lorsqu'il s'éveilla aux premières lueurs du jour. Se levant mollement du lit douillet et confortable, il fit tout d'abord quelques échauffements matinaux avant de se débarbouiller avec le nécessaire de toilette que le maire avait préparé pour lui. Que ces gens étaient simples et généreux, pensait le jeune prètre alors qu'il se remit à faire son sac, préparant tout ce dont il avait besoin pour le voyage du retour.

Comme lui avait demandé Matthews, il avait pris soin d'archiver toutes les nécessités de la population locale. Il était vrai que les médicamments n'étaient pas des plus simples à fournir. Heureusement, leurs ancêtres avaient pris soin lors des prémices de la résistance d'emporter avec eux le savoir nécessaire à la fabrication de préparations médicinales.

Il ajusta sa ceinture sur laquelle était fixés ses deux pistolets avant de se regarder dans le mirroir face à lui. Il était prêt pour le retour.

Cependant, avant de rentrer, il rassembla la communauté pour un petit discours. Cela ne faisait pas partie de ses attributions mais après tout, ce n'était pas plus mal ... Tous le regardaient, certains encore en tenue de nuit, d'autres déjà en tenue de travail, une pioche ou une bêche à la main.

Levant les mains au ciel, Tao débuta :

"Mes amis, je vous remercie vraiment de m'avoir acceuillis parmi vous. La Mission, comme vous le savez est présente, auprès de chacun d'entre vous. Vous m'avez fait part de vos doléances et sachez que je m'engage personnellement afin que vous disposiez de tout ce qui sera nécessaire. Comment, aujourd'hui, nos fils et nos filles peuvent encore subir la privation et mourrir d'infections que l'on soignait jadis par quelques pillules...

La Mission s'y refuse, tout comme elle refuse de subir l'impugnité et la tyranie des ennemis de Dieu. Mes frères, receuillons nous ici et maintenant, tous ensemble, pour la protection et le salut de nos frères et soeurs en territoire occupé, receuillons nous et prions Dieu pour qu'il leur apporte réconfort et amour."

Tous s'agenouillèrent selon les us de la célébration, prononçant plusieurs prières bien connues avant que Tao ne se releve.

"Allez en paix, enfants de Dieu ..."

Sur ce, le jeune prètre se retourna et avança, seul et droit, dans le désert, comme jadis un autre gars l'avait fait pendant 40 jours et 40 nuits ...

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