Qui ne tente rien n'a rien

La tête légèrement inclinée en signe de respect pour l'homme étant venu les rejoindre afin de lui donner la réponse qu'elle croyait avoir perçue depuis les derniers jours passés à Liberty Hill. Son visage était déjà plus fermé qu'il ne l'était avec la jeune femme devant avoir, si ces souvenirs étaient bons, à peu près l'âge de la jeune Helene qu'elle avait laissée en Pennsylvanie. Ce n'était qu'une toute petite interruption dans son travail de protecteur, mais il permettait ainsi à l'ombre de cette femme de pouvoir reporter pleinement son attention sur sa vengeance, plutôt que de lui laisse la chance de s'égarer dans ses souvenirs en restant trop longtemps fixe. Enfin, Leonora finit par relever la tête et de reporter une sourire en direction de la jeune bénévole, posant fraternellement une main sur son épaule.

À ce moment, Leonora fit quelques pas en direction de la sortie, puis poussa la lourde porte de bois avant de se retourner une dernière fois vers l'église, un mince sourire posé sur ses traits paisibles.

Sur ces mots, l'ombre se retourna et s'effaça de l'église de Liberty Hill, laissant place sur son visage à ses traits plus neutre. Ces paroles, elle n'avaient peut-être jamais véritablement progressé dans les ordres sacerdotales, mais ayant vécue l'époque de sa vie sédentaire de laquelle elle gardait le plus de souvenir dans une église, il lui arrivait fréquemment de les prononcer. De plus, il y avait ici un point important à retenir... elle avait fait mention de l'âme. L'âme... il s'agissait de quelque chose de si précieux, si fragile, si simple à perdre et laisser aller au profit de cette Aire damnée et où il lui semblait que les forces de l'Enfer s'étaient déchaînées contre le Tout Puissant. Seulement à cette idée, Leonora resserra la croix qu'elle portait au cou entre ses doigts, puis entrepris le marche pour sortir de la ville. Elle poserait sa tente entre les arbres, à cinq kilomètres au minimum de la civilisation. Son voyage continuait...

Leonora s'éveilla avec la percée des premiers rayons du soleil perçant entre les feuilles et la toile de sa tente. Des gouttelettes d'eau reflétaient la lumière du soleil en quelques arc-en-ciel miniatures un peu partout autour d'elle lorsqu'elle mis enfin les pieds hors de sa tente. La rosée matinale... la beauté de la nature ne se faisait jamais attendre pour se présenter à ses yeux. Enfin, ce n'était pas comme si elle avait le temps de rester là, tranquillement à observer la nature s'éveiller sous ses yeux. La flore locale avait sa tâche à accomplir et il en revenait de même pour elle. Aussi, la jeune femme ne tarda pas à ranger sa tente - une fois s'être changée bien sûr - avant de reprendre la route.

Connaissant maintenant la forêt comme le fond de sa poche depuis les quatre, bientôt cinq, années qu'on pouvait la considérer comme étant nomade, l'errante préférait voyager aux cœurs des arbres plutôt que sur le chemin. Ce n'était pas seulement une meilleure manière d'apprécier la nature, mais aussi une manière plus simple de ce dissimuler aux regards des dangers du voyage en solitaire. Après tout, peut-être savait-elle se battre, mais contre un vampire, elle ne pouvait rien. Il en allait de même si elle se retrouvait à croiser un groupe de collabos un peu trop téméraire pour pénétrer dans ces lieux. Attaquer un seul être n'était pas un problème, mais contre plusieurs, il lui faudrait savoir se cacher et au bout de tant d'années, c'était ce qu'elle était parvenue à faire. Enfin, encore une fois, on ne sait jamais ce que la nature préserve.

Peu de temps avant que le soleil de midi ne se pointe, Leonora creusa au sol, dans un endroit peu peuplé en arbre, un trou pouvant abriter la base d'un feu où elle se fit cuire un peu de riz, histoire de tenir le reste de la journée. Ce ne fut qu'une très courte halte et elle ne manqua pas de cacher le fait qu'elle eut même déjà été ici dès l'instant où elle repartie. Marcher d'un rythme raisonnable et économiser son énergie, tel était la solution pour un voyage efficace en se rationnant. Bref, pour le moment, il s'agissait de rien de plus qu'une journée comme les autres. Il ne restait plus qu'à voir ce que la soirée lui réservait...

À partir de la mi-journée, enfin, c'était ce qu'on pouvait en déduire par le positionnement du soleil sur l'ombre qu'était Leonora, le terrain commença à devenir plus accidenté, forçant la jeune femme à ralentir quelque peu son allure et à faire plus attention à ses mouvements. Mais bon, ce n'était pas vraiment un problème, c'était, en fait, plus un exercice qu'autre chose à ses yeux. Après tout, quoi de mieux que de chercher à passer le plus rapidement possible dans ce genre de milieux pour mettre sa souplesse et son agilité* à l'épreuve, pour garder la forme. Heureusement pour elle, le fait que sa fidèle (et assez inutile, ce n'est que pour le look) cape de voyage soit rangée avec le reste de ses affaires rendait sa progression beaucoup plus aisée. Aussi, c'est pourquoi elle parvint à un peu plus du premier tiers du voyage lorsque le soleil se coucha. C'était le moment de faire une courte pause.

Marcher toute la journée était fatiguant, c'était bien connu. Toutefois, l'esprit de la rouquine avait déjà, depuis longtemps, fait obstruction de cette réalité.* Ses années de nomades lui avaient apporté une forme exemplaire et une accoutumance à ce genre de progression. Pourtant, il aurait été complètement stupide de croire qu'il s'agissait ici de la seule raison de ses si faibles arrêts et de sa progression quasi-constante…

Le couché du soleil… seule temps de la journée où elle s'accordait une véritable pause, seul temps de la journée où elle prenait le temps de rester dans l'immobilité. Contemplative? Non, jamais cette amoureuse de la nature ne pourrait s'abandonner à apprécier cet instant où la lumière divine abandonnait les mortels à leur triste sort, leur tournant le dos avec arrogance et les laissant au pris avec leurs démons. Ses doigts se serraient rageusement sur sa croix, une seule envie s'imposait à son esprit: la vengeance. Ce temps d'arrêt était méticuleusement choisie, mais certainement pas à cause d'une minute de silence que Leonora accordait à ses parents ou bien au jeune homme l'ayant poussé jusqu'à sa vengeance. Ça, elle le faisait bien assez souvent au cours de ses voyages, dans chaque instant de contemplation, ou bien avant de s'endormir. Non, voir les reflets rouges du soleil s'étendre sur la terre comme l'avancée d'une armée infernale ne lui donnait qu'une envie: continuer encore un peu plus loin.

La nuit était déjà tombée depuis longtemps lorsque l'ombre qu'était Leonora s'arrêta enfin, bien camouflée entre les arbres, pour se reposer un peu. De là où elle était, c'était tout juste si le ciel s'annonçant menaçant était visible. Ici camouflée entre les arbres grâces à de sombres habits, il ne suffirait que d'un seul mouvement imprécis de qui que ce soit pour qu'elle puisse remarquer une présence. Il fallait au moins un avantage à voyager hors des sentiers battus! Enfin, ayant avancée beaucoup et commençant à avoir faim, la jeune femme se prépara un nouvel espace pour se préparer un faible feu de camp, assez profondément en terre pour éviter de trop propager sa lumière ou de brûler la végétation environnante, histoire de faire cuire un peu de riz. Elle profita également de la faible lumière pour installer son sac de couchage et pour le camoufler sommairement (parce que ces satanés vampires étaient des êtres nocturnes!), sachant qu'ainsi, bien que repérable, il faudrait un peu plus de travail à quiconque voudrait la localiser, lui laissant ainsi le temps de se réveiller.

Enfin, une fois ceci fait, elle ne tarda pas à éteindre le feu et à manger en silence avant d'aller dormir de son habituel sommeil léger. Le terrain était trop abrupte pour y installer sa tente… ceci insinuait que le lendemain serait sans doute le passage le plus difficile de sa traversée à cause des montagnes…

La nuit avait été tranquille, c'était déjà ça de gagné. Après tout, cette nouvelle journée s'annonçait quelque peu plus complexe que la précédente et sans doute, même, vers la fin de l'après-midi si elle se souvenait bien du chemin, Leonora devrait-elle regagner un sentier afin de pouvoir continuer de progresser normalement et sans prendre de risque inutile. Après tout, bien qu'étant ombre, elle restait humaine et, entant qu'humaine, elle pouvait faire quelque chose contre une menace vivante, mais sa dague n'était pas tout à fait adaptées aux menaces de la nature… Enfin, un maigre instant de préparation et une courte prière matinale (on n'oublie pas l'influence de son passage à l'église) plus tard et Leonora était de retour à son chemin.

Au cours de la journée, peu après midi si on en croyait le soleil encore clément, le bruit d'une rivière parvint aux oreilles de l'orpheline, lui indiquant qu'il était grand temps de descendre se rafraichir un peu. Un court temps de pause histoire de laisser la sueur de côté faisait toujours du bien et, ici, dans l'impartialité et l'anonymat de la forêt, elle pouvait facilement se permettre de laisser tomber une once de pudeur inutile. Enfin, cet arrêt fut d'ailleurs son seul de la journée, puis qu'elle ne tarda pas à reprendre la route par la suite, juste après avoir prit le temps de manger un peu. La suite du voyage serait quelque peu plus aisée, puisqu'à partir de cet instant, elle suivrait les sentiers battus.

Enfin ce fut une journée tout à fait banale, laissant presque croire que le monde dans lequel elle vivait était sans danger. Mais il aurait été complètement stupide de le croire et c'est pourquoi, lorsque Leonora s'éloigna du chemin pour s'installer de la même manière que la nuit précédente, la jeune femme ne put s'empêcher de se rappeler, une dernière fois, pourquoi elle faisait tout ce chemin…

[Moins 3 allumettes (2e repas du jour 1 et 2 repas [deuxième pas mentionné mais existant] du jour 2), moins 3 portions de riz (même principe)]
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*À comprendre ici une bonne dextérité et la compétence "équilibre" en cours de progression.
*À comprendre ici le beau bonus de constitution mis en alliance avec le beau bonus de force.

Le même réveille caché dans l'herbe, suivant l'éveille matinal de la nature alors que les premiers rayons de soleils protecteurs venaient réveiller l'humaine en même temps que la flore environnante. Si elle ne rencontrait pas de problème, sa journée serait fort similaire à la précédente, bien qu'avec son avancée, il y avait fort à parier qu'en restant sur les sentiers, elle puisse parvenir à destination en début d'après-midi. Enfin, sans doute prendrait-elle le temps de manger avant d'arriver à destination, histoire de pouvoir s'éviter de devoir payer le prix d'un repas à l'auberge, déjà qu'elle devrait refaire ses réserves... Enfin, il était tôt et déjà temps de partir! Après tout, le monde tournait et n'attendait personne pour suivre son court, il n'était donc pas question pour Leonora d'être laissée loin de cette roue.

Comme elle s'y était attendue de part sa présence dans la zone dite "libre", la suite et fin de son voyage se déroula sans encombre. La plus part de ses précautions s'étaient avérées inutiles au cours de ce chemin, mais mieux valait rester prudent tout de même; après tout, la prochaine fois ne serait peut-être pas aussi sécuritaire. Enfin, pour le moment, il n'était pas question de se lancer dans la paranoïa, puisqu'en plus d'être confiante en ses propres capacités, Leonora finit par percevoir Wolf Hill peu avant quinze heure. Ici… elle pourrait sans doute trouver ce qui l'intéressait. Ou si non, au pire, elle pourrait toujours rendre quelques services à l'armée en attendant de trouver un moyen de s'intégrer dans la Résistance. Après tout, se faire un nom lorsqu'on n'est rien de plus qu'une ombre, ça peu toujours servir…