Le Grand Départ.

C'était le jour du grand départ pour Charon. Dans quelques minutes, il quittait le nid familial. Fini tout ça. Fini les petits plats de maman. Fini les crises avec son père. Fini les calins avec sa mère. Fini les pitreries dans la ville. Fini la drague foireuse au bar du coin. Fini les courses poursuites sur les toits de la ville. Fini le jardinage à temps partiel. Fini les études à temps partiel aussi. En gros, c'était surtout fini la partialité. Il était maintenant temps de vivre sa vie d'homme.

Charon partait sans handicap physique - à part le fait d'être beau dans un monde de laids? - ni mental. Il partait vacciné, dépucelé, correctement nourri, et avec tout juste 5oo$. Il avait tout à acheter, tout à négocier ( Merci à papa pour les leçons de négociations ) et évidemment tout à voler. Il savait qu'il ne pouvait décemment pas tout voler, mais quitte à s'être longtemps entrainé...

Il se retournait une dernière fois afin d'observer sa maison. Maison à étage, peinte en blanc, mais recouverte de quelques traces de pas un peu partout. Des fenêtres placées stratégiquement, une grande porte faite en chêne. Son père et sa mère sur le porche, en train de lui faire de grand signes. Cette dernière, les larmes aux yeux le sourire au lèvres, essayait tant bien que mal de dissimuler la peine que lui faisait son fils en partant vivre au jour le jour. Elle qui souhaitait tant qu'elle reprenne l'affaire familiale.

Elle avait quand même souhaité à ce qu'il pense à elle tous les jours que Dieu ferait. Elle a donc décidé de lui coudre deux kimonos noirs, afin de passer inaperçu. Bien évidemment, il emporterait son vieux kimono orange, pour les longs trajets et pour dormir.

Se mettant en direction de Rock Avenue ( Afin de se taper une p'tite pute et de dormir sur la ville encore une nuit ); Charon comptait profiter de cette journée pour acheter ce dont il avait besoin avant de prendre la route pour Liberty Hill. La capitale du monde libre regorgerait sans doute de boulot pour un homme de main comme lui, apte à exécuter tous les boulots possibles et inimaginables.

- Le Blue Sky, me voilà!

Puis, se rendant compte de sa connerie, il rectifia.

- Hum. J'peux pas dormir au Blue Sky. Ces sal*pes me feront la peau et me prendront mon pognon et tout ce que j'ai acheté le jour même. J'ferais mieux de louer une chambre au Tiny.

Et ainsi, le voici donc au Tiny Rock. Arrivant fière comme un loir, il accoste donc le tenancier.

- Bien le bonjour très chère. Serait-il possible de savoir si une de vos chambrée est disponible pour la soirée?

A quoi bon être violent?

Messages : 235 Date d'inscription : 13/05/2010

La "réceptionniste" du Tiny Rock était une femme de 45 ans, dont les premières rides étaient apparues aux coins de ses yeux, bien que ces légers signes de vieillesse ne l'enlaidissaient pas. D'allure fine, on pouvait percevoir le V du haut de sa poitrine, malgré le gilet de coton mi-boutonné.
Souriante comme tout gérant d'auberge se doit de l'être devant un client potentiel, elle n'eut même pas besoin d'ouvrir son registre pour donner une réponse positive au jeune homme qui s'était présenté à elle.

"Vue sur la rue, ou sur le jardin?"

Répondit-elle, disant implicitement qu'il y avait du choix, donc de la place oui.

"Je vous conseille notre formule bed & breakfast, nous avons un cuisinier qui fait des merveilles."

Dit-elle, vantant le mérite d'une formule certes plus chère qu'une simple chambre sans petit-déjeuner, mais qui serait peut-être aussi plus confortable à Charon.

S'accoudant au comptoir, Charon regardait la pièce de fond en comble. Il n'était jamais venu au Tiny Rock pour autre chose que pour manger, il n'avait jamais donc prit le temps de détailler la salle d'entrée. C'était peut-être la dernière chose de Little Rock qu'il verrait demain matin, donc autant profiter de la vue de la civilisation.

Une salle assez largue, disons du 25m². Bien ~~membrée~~ meublée, de bois vêtue. Comptoir en bois, de frêne apparemment. Les murs peints en bleu et blanc, avec quelques tableaux disséminés ci et là. Pas de grands peintres naturellement, sans doute des artistes de passage, n'ayant rien pour payer leur nuit, ont troqué leurs oeuvres contre un peu d'hospitalité. Bon compromis. Cela aurait peut-être éviter à Charon de payer 25$ pour sa nuit.

Jusqu'à ce qu'il se reporte au tableau des prix après la demande de la réceptionniste. Déjà, il allait prendre vue sur la rue. C'était toujours plus rapide pour prendre la fuite en cas de descente des flics ou de représailles après son hypothétique passage au Blue Rock.

Ensuite, la formule B&B semblait pas mal non plus. Pour 5$ de plus, un repas ça pouvait être pas mal. D'autant qu'on ne sait jamais quand est-ce que l'on reprendra un petit déjeuner digne de ce nom. D'autant qu'après son passage en ville pour acheter ses fournitures, à moins de sacrifier son confort pour son plaisir personnel actuel, il ne lui resterait sans doute même pas assez pour se payer une escort. Encore moins, une strip-teaseuse. Faudrait voir s'il pouvait se payer l'entrée du Blue Rock déjà.

- J'vais prendre vue sur la rue, et la formule Bed&Breakfast. Il a intérêt à faire péter les feux d'artifices demain matin vot' cuistot.

Le Funambule sortait déjà les 30$ résonnant et bruyant de sa poche.

- J'vous paye tout de suite en espèces sonnantes et trébuchantes. Pouvez vous-me réveiller à 05h demain matin? Un long voyage m'attend pour Liberty Hill.

Messages : 235 Date d'inscription : 13/05/2010

La réceptionniste acquiesça à la demande formulée par le client, se félicitant intérieurement d'avoir réussi à vendre la formule incluant le petit-déjeuner. Elle nota sur son carnet le nom du client, que la note était réglée, qu'il faudrait préparer le breakfast, et le réveiller à 5h sonnantes... Elle nota aussi, parce que ça peut servir, le nom de la chambre dont elle tendit la clef, accrochée à une porte-clef rudimentaire en bois sur lequel était écrit le nom de la chambre, donc.

"C'est la chambre "Azalée", au premier. Ici, on nomme nos chambres plutôt que de leur donner un numéro. Une idée de ma fille."

Elle tendit donc la clef sans se départir de son sourire accueillant. Et encaissa les 30 billets.

[ -30 $ donc]