I'm blue da ba dee da ba die...

Little Rock, probablement à cause de son bar d'effeuilleuses, semblait avoir une vie de nuit plutôt active. Très active, même. Harry avait toujours aimé les bars, vivre la nuit. Ce n'était pas le plus gros des buveurs ; être dans une place bondée, où les gens sont ici pour socialiser ou simplement se laisser aller, s'était bien. Et dans ce rassemblement de gens venus de par et d'autre des États-Unis, il trouverait peut-être des informations à sa recherche difficile qu'était la quête des Farsighted. À son arrivée en ville, il avait tout de suite remarqué le Blue Sky de par son extravagance. Toutes ces lumières, cette musique forte et la file à l'entrée, sans compter le vigile à l'apparence de bull dog qui gardait son entrée. Il n'avait pas d'inquiétudes, il avait le lvl, heu, l'âge requis, pour entrer dans ce genre de place.

Il se mit calmement en file, sortant lentement papiers et dollars. Il y avait du monde, c'est fou comme les gens se précipitaient comme des papillons de nuit sur le bâtiment éclairé pour avoir sa part de chair féminine à observer. Harry n'était pas là pour ça. S'il aimait les bars, les cabarets de strip-tease s'était autre chose. L'entrée, l'alcool et tout, en fait, était hors de prix, ce qui gâchait énormément le spectacle. En fait, il doutait de trouver ce qu'il cherchait ici. Les Farsighted sont probablement des êtres qui recherchent des individus vertueux, donc il y avait peu de chances d'en trouver un d'individu vertueux dans cet endroit. Au moins, il prendrait du bon temps. Et il arriva devant le vigile, billets en main.

Ah, ce cher Virgil, vigile de son (gros) état; ses manières polies, à sa façon :

"B'soir; 20$ l'entrée, 1 consommation offerte."

Même cette offre promotionnelle sonnait comme une menace quand ce mec là parlait. Enfin, au moins notre aventurier avait de quoi pénétrer en ces lieux obscurs, théâtre de la débauche locale. D'autres ont essayé, sans avoir les 20$, et ils ont eu des problèmes (Charon, si tu passes par là)...

Acquitté du forfait pour entrer, donc, Harry pu goûter à cette ambiance bien particulière qui était audible, devinable depuis l'extérieur : musique forte mais pas trop, température étouffante, de par l'ambiance réchauffée par les filles en petits bikinis mais surtout par les relents d'alcool et de transpiration émanant de tous ces individus agglutinés là comme des moutons en bave devant quelques paires de fesses.

Avec le ticket remis par le videur, Harry avait droit, selon le bout de papier, à "une bière de 25CL ou un verre de 10CL de whisky, rhum cubain ou vodka". C'est déjà ça, même si, ne nous en cachons pas, c'est peu.



[ - 20 billets donc ]

Après avoir passé l'épreuve du vigile Virgile, l'aventurier pénétra dans le palace de la luxure et des drinks hors de prix. Son ticket en main, il se dirigea vers l'un des bars visibles, slalomant entre pervers et poivrots. Près de l'entrée, un petit homme moustachu au drôle de regard lui proposa de prendre son manteau pour le mettre sur un crochet en échange de quelques sous, mais Harry lui fit signe de la main qu'il gardait son poncho. Il préférait avoir l'air d'un de ces cowboys de la route que de l'un de ces gros porcs qui se frottaient les mains en regardant des filles en bas âge s'agiter devant leurs yeux. Il laissa ses yeux se promener sur la serveuse habillée de circonstance, qui était franchement dans ses goûts: bien proportionnée, rousse, mais tout de même naturelle, malgré son boulot. Il mit le billet sur la table.

Ce sera la bière, une rousse, si possible. Je reviendrai quand j'aurai besoin de quelque chose d'autre.

Pas question de s'installer à même le comptoir. Sur l'un de ces bars de coin, il n'y avait pas même de chaises. En fait, les tabourets étaient rassemblés autour des poteaux, pour la plupart, mais il était possible de voir quelques autres tables plus loin, à certain endroits. Le bar principal, tout au fond, était déjà bondé. Il se dirigea avec sa bière, lorsqu'elle fut servie, vers la table la plus proche, au moment où deux hommes quittèrent celle-ci pour s'approcher des danseuses. Il s'assit, et fit plonger du liquide au fond de sa gorge. Bah, au moins, ils servaient pas de la merde.

Ce n'était pas sa première visite dans un lieu comme celui-ci. Bientôt, une danseuse random viendrait peut-être lui parler de l'endroit, de la soirée, pour proposer ensuite une danse pas cher. Sinon, ce serait une serveuse, voyant son verre vide, qui viendrait lui offrir de boire autre chose. Bien sûr, s'il consommait pas, on le mettrait dehors. Pas de problème, il avait l'intention de boire quelques bières avant de retourner à l'auberge. Il fit donc promener son regard dans l'assemblée, s'attardant plus longtemps sur les corps nus, bah ouais, c'est un jeune homme, hein, en quête de quelque chose de spécial.

On trouve vraiment de tout dans cet endroit; les moins fortunés peuvent se rincer l'oeil avec les lap-danseuses ou les petits numéros de cabarets qui s'enchaînaient sur la petite scène en fond de salle, sur un fond musical rempli de suggestions coquines; les plus aisés peuvent s'offrir le luxe d'un numéro privé, voire de "consommer" discrètement dans l'une des chambres de passe situées à l'étage.

Parallèlement, on voit à peu près toutes les couches sociales de la société locale dans un tel endroit, des jeunes bruyants et chahuteurs qui, à défaut de participer à la rébellion, profitaient de l'un des plus vieux plaisirs de ce monde; des sortes de notables ainsi que quelques artisans poivrots, dépensant leurs maigres revenus en alcool et s'accordant parfois les faveurs d'une danseuse. Il y avait même des gars bizarre, du genre un gars ou deux qui puait la citrouille à plusieurs mètres à la ronde comme s'ils en avaient trimballé toute la journée (!).

Un gros melting-pot de toutes les couleurs, en somme.

Harry pouvait constater d'un simple regard qu'il était en pleine ligne de mire de plusieurs effeuilleuses; sans doute les filles se livraient-elles une mini-guerre froide pour le partage des clients à accoster. En tout cas, après avoir été ouvertement reluqué par un groupe de 4 minettes habillées de corsages compliqués mettant en avant leurs formes avantageuses, l'une d'elle, la plus jolie et la plus brune, vint s'asseoir tout près de lui, et lui susurra quelques mots à l'oreille, sourire racoleur et ultra-brite en avant :

"Tu m'offres un verre, beau blond ? "

Même pas besoin d'emballer, elles s'emballent toutes seules. Cette jolie minette arborait un corsage serré qui faisait paraitre sa poitrine plus volumineuse qu'elle ne devait l'être; cependant elle ne manquait pas de charme, et sentait très bon, chose assez importante à signaler à une époque où l'hygiène n'est plus ce qu'elle était avant l'invasion.




[- 10$ si tu décides d'offrir un verre à la damoiselle ! ]

Son verre était maintenant à moitié remplit. Il était difficile de se faire une idée sur la foule ; il y avait tant de personnes, toutes différentes les unes des autres. Non, il ne trouverait pas ce qu'il cherchait ici, c'était évident. Et encore, le seul moyen serait de se lever sur une table, et se mettre à crier:''Hello! Quelqu'un sait où se trouve les Farsighted?'' On rirait, on le lyncherait même, sûrement. Non, les gens qui pourraient le guider seraient plus discrets que ça. Ce soir, il n'y réfléchirait pas trop. Il était à Little Rock, il trouverait sûrement quelqu'un pour l'aider plus tard. Ce soir, il allait prendre du bon temps.

Au vu des regards portés à son égard par les agaces du coin, il songea qu'il n'avait pas été physique avec une femme depuis quelques mois. Mais il n'allait pas payer, non, ça pas question. Il avait plus de ressources que ça. Comme il l'avait prévu, peu de temps s'écoulèrent avant la première visite d'une ''employée'' du Blue Sky. Il croisa ses bras derrière sa tête pendant qu'elle approchait, prenant un air décontracté et se préparant à la virer hors de sa table calmement et poliment. N'empêche, si elle n'était pas venue le voir dans le cadre de son travail, il l'aurait bien laissée prendre place. Il tenta donc le coup du bon vieux bluff.

Oh, je suis désolé! J'ai rendez-vous ici avec une fille plus tard dans la soirée, et comme elle a tendance à être jalouse, je préfère qu'elle me voit seul ici, vous comprenez...

Le bon gars, hein?

Drôle d'endroit pour un rendez-vous, je sais...Mais c'est le seul endroit dans les environs où on peut trouver alcool et ambiance.

Il préférait ça au bon vieux: j'suis pas intéressé, ma'am. Peut-être que comme ça, du moins, on le laisserait un peu tranquille.

La jolie brune ne parut pas se décourager, eut un petit rire proche du gloussement amusé, et reprit :

"Quel dommage... Tu ne sais pas ce que tu rates."

Se rapprochant outrageusement de Harry, elle glissa à son oreille :

"Si jamais tu changes d'avis, n'hésite pas à me faire demander... Moi c'est Rachel, n'oublies pas mon prénom, beau blond !"

Après un sensuel baiser sur la tempe du "beau blond", elle s'en alla en dandinant outrageusement de l'arrière-train. Coquine va...

Sur la petite scène, un numéro de french-cancan complètement revu et corrigé débuta, beaucoup plus chaud que l'original, sous les cris et applaudissements des clients qui se ruèrent au plus près de l'estrade pour contempler le spectacle.